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Découvertes

Une forêt tropicale d'Équateur révèle à des scientifiques l'histoire oubliée du massacre d'un peuple indigène

L'analyse de la flore fait parfois des miracles. En Équateur, le pollen fossilisé a permis de comprendre l'histoire de la vallée de Quijos, la tragédie humaine qui s'y est déroulée et comment la nature y a repris ses droits.

Bassin amazonien de l'Équateur. Image d'illustration.
Bassin amazonien de l'Équateur. Image d'illustration. Wolfgang Kaehler/Getty Images
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Une forêt dans les nuages qui raconte une histoire humaine tragique et une histoire écologique touchante. Dans la vallée de Quijos, en Équateur, la flore a permis à des scientifiques de comprendre l’histoire de la région après l’arrivée des colons espagnols au début du XVIe siècle. Comment les peuples autochtones avaient été décimés et comment la nature avait lentement repris ses droits.

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Quand les colons espagnols sont arrivés dans la vallée de Quijos, celle-ci marquait la frontière est de l’Empire Inca. Située entre 2 000 et 2 900 mètres au-dessus du niveau de la mer, cette "forêt dans les nuages", véritable corridor entre les Andes et l’Amazonie, était un lieu de passage pour les marchands Incas. Et les peuples vivant sur place maintenaient une identité culturelle autonome vis-à-vis de l’empire voisin.

Puis les Européens sont arrivés. L’étude publiée le lundi 16 juillet dans la revue Nature Ecology and Evolution raconte qu’ils ont pour la première fois posés les pieds dans cette vallée lors d’expéditions destinées à trouver de l’or en 1538 et en 1541. Mais les choses se sont vite emballées. Maladies, massacres et répression de révoltes ont eu raison des populations Quijos. Plus de 35 000 personnes vivaient dans cette vallée au début du XVIe siècle. Seulement un quart de la population Quijos était encore en vie au début du XVIIe siècle.

"C’est possiblement l’une des pires tragédies de l’histoire humaine qui s’est déroulée durant cette période", raconte Nicholas Loughlin, auteur principal de l’étude publiée dans Nature, à National Geographic. Des dizaines de millions de personnes sont mortes après la colonisation de l’Amérique et l’étude de ce chercheur spécialiste des forêts tropicales raconte comment la nature a vécu ces changements dans un lieu précis.

Le retour de la forêt libre

En 1850, une équipe de biologistes a bravé la forêt et la vie sauvage pour se rendre dans cette forêt, à proximité d’un petit lac nommé Huila. À leur retour, ils décrivirent l’endroit comme "parfait", dense, impénétrable et "non peuplé par la race humaine". Ils se trompaient. En réalité, la nature avait repris ses droits sur la vallée. En moins de deux cent ans, les vestiges du peuple Quijos semblaient s’être évaporés.

Puis plus rien, un étrange sentiment de vide alors que la vallée était abandonnée des Quijos décimés et des colons

Lorsque Nicholas Loughlin, doctorant de The Open University, en Angleterre, se rendit sur les lieux, il avait pour ambition de découvrir des changements dans les forêts équatoriales lors de la fin de la dernière ère glaciaire. Il se mit à chercher du pollen préhistorique – un marqueur des changements environnementaux – au fond du lac.

Les pollens fossiles et les sédiments lacustres que Nicholas Loughlin et son équipe trouvèrent au fond du lac Huila étaient bien différents de ce qu'ils pensaient. Ils trouvèrent du maïs, de nombreuses plantes qui poussent à l’air libre, mais aussi du charbon. Avec l'aide de la datation au carbone 14, ces résidus de jadis permirent de comprendre l’évolution de la forêt. Avant l’arrivée des colons européens, les lieux étaient largement cultivés par les Quijos. On trouvait beaucoup de maïs et peu d’arbres, puisque les lieux avaient largement préparé pour l’agriculture. Ensuite, les différentes couches de charbon fossilisées qu’il trouva coïncident avec les périodes d’intense conflit entre les Espagnols et les populations locales. Puis plus rien, un étrange sentiment de vide alors que la vallée était abandonnée des Quijos décimés et des colons. Avant que la nature vienne enfin reprendre ses droits et que le pollen de graminées ne se multiplie.

Avant le milieu du XIXe siècle et les premiers touristes, les lieux avaient repris leur aspect d'origine, avant même que les humains n'arrivent en Amérique du Sud.

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