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Découvertes

Ruches connectées, robots désherbants, remèdes aux antibiotiques d’élevage : ces start-up françaises qui font du bien à nos campagnes

Comment la technologie, que l’on oppose trop souvent à la nature, peut-elle venir en aide à cette dernière, et surtout, ne pas la troubler ? Nous avons rencontré quatre "jeunes pousses" françaises qui œuvrent à la préservation de nos territoires ruraux.

Azem Ramadani/Getty
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La troisième édition du salon de l’innovation Viva Technology, organisée du 24 au 26 avril à la Porte de Versailles, à Paris, aura été pour le moins riche en intervenants poids-lourds : notre président de la République Emmanuel Macron, le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, le directeur général de Microsoft Satya Nadella ou encore l’ancien PDG de Google Eric Schmidt sont venus prendre la parole sous les projecteurs d’un auditorium plein à craquer.

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Dans leur ombre, de toutes jeunes entreprises nées en France ont elles aussi fait le déplacement pour tenter de faire connaître leurs projets respectifs et parfois encore très confidentiels. Alors que l’année dernière, nous avions décidé de vous faire découvrir des start-up bien décidées à changer la ville, nous avons souhaité cette fois mettre en avant celles qui se sont donnés pour objectif de préserver nos campagnes. Et d’une manière plus large, notre environnement, toujours plus malmené par l’activité humaine.

Hostabee et ses ruches intelligentes pour sauver les abeilles

Hostabee est un peu aux abeilles ce que les médecins généralistes sont à nous autres humains. Créée en 2015, cette start-up de Saint-Quentin, dans l’Aisne, s'est donnée pour mission de protéger nos abeilles, désormais menacées d’extinction par les pesticides et le réchauffement climatique. Dans sa malette de docteur, des petits boîtiers connectés à installer directement dans les ruches afin de fournir aux apiculteurs des informations sur leur santé.

Depuis une application dédiée, le professionnel ou le particulier pourra vérifier que la température de sa ruche se maintient aux nécessaires 35°C, mais aussi que le taux d’humidité qui y règne n’est pas trop élevé, un facteur de moisissures qui peuvent être fatales aux abeilles. "De cette manière, l'apiculteur n’est pas forcé d’ouvrir inutilement ses ruches pour procéder à ces vérifications indispensables, ou il saura, au contraire, qu’il faut agir en urgence pour préserver sa colonie", nous explique Maxime Mularz, président et fondateur de l’entreprise. Le dispositif comporte également une puce-GPS afin de lutter contre le vol des ruches, "de plus en plus fréquent", selon Maxime Mularz.

Chaque petit boîtier, promettant une autonomie de deux ans, est vendu chez les distributeurs de matériel d’apiculture au prix de 80 euros. Il faudra également débourser 3 euros par mois afin de souscrire au service permettant de suivre la vie de la ruche en temps réel. Hostabee compte aujourd’hui cinq salariés et devrait prochainement augmenter ses effectifs : parce que leur produit est parvenu à séduire un monde agricole parfois méfiant vis-à-vis des nouvelles technologies, ce protecteur des abeilles vise les 5 millions d’euros de chiffre d'affaires en 2020.

Vitirover et ses robots-tueurs de mauvaises herbes

Les produits chimiques de type glyphosate et autres polluants qui consomment des énergies fossiles ont désormais leurs robots-tueurs. "Le glyphosate, c’est cette molécule pourrie utilisée dans le Roundup, du nom de l’herbicide produit par Monsanto", rappelle au micro, lors de la séance de présentation de sa start-up dans le cadre du Sparkshow d'EDF, Arnaud de la Fouchardière, fondateur de Vitirover.

Leur robot-tueur, c’est un petit engin à quatre roues, alimenté par un panneau solaire sur son toit, qui désherbe de manière autonome des terrains agricoles. Vignes, fermes photovoltaïques, arboricultures, et même chemins de fer… Les véhicules jaunes de Vitirover parcourent toutes les heures 350 mètres à la recherche de mauvaises herbes à couper, comme le ferait une tondeuse qui saurait faire du tri. "Toutes les secondes, 2 kilos de glyphosate sont répandus dans nos champs. Sur les 8,6 millions d’hectares de vignes dans le monde, 6 millions sont désherbés avec du glyphosate. C’est un désastre écologique", déplore Arnaud de la Fouchardière.

Les robots de Vitirover, que leurs créateurs aiment comparer à un troupeau géré par des bergers – les agriculteurs –, sont non seulement inoffensifs d’un point de vue chimique, mais présentent d’autres avantages : ils épargnent les sols grâce à leur légèreté en évitant les tassements que peuvent provoquer les tracteurs ou les chevaux. S’ils sont même moins intrusifs que des chevaux, alors…

ID4Feed et ses "anti-antibotiques"

On trouve peu de choses sur ID4Feed sur le Web. Même sur le salon VivaTech, le stand de cette start-up était si discret qu’on aurait pu ne jamais le remarquer. Pourtant, son projet est ambitieux : "Notre objectif est de développer à l’attention des animaux d’élevage des additifs issus des plantes, riches en métabolites ayant des propriétés antioxydantes et antimicrobiennes, et d’intérêt pour les bêtes." En bref, ID4Feed met au point et commercialise des alternatives naturelles aux antibiotiques, donnés aujourd’hui en quantités astronomiques dans le secteur de l’élevage de masse.

Dans son viseur, l’antibiorésistance, en croissance constante tant chez les humains que chez les animaux

Comment ? Grâce à l’induction des plantes, un mécanisme complexe qui consiste à activer chez un végétal un processus de défense, mais aussi par le biais de techniques d’extraction végétale. "Nous travaillons par exemple beaucoup avec le piment, qui renferme énormément de propriétés médicinales", nous explique François Gautier, fondateur et directeur général de la petite entreprise.

Dans le viseur de ID4Feed, l’antibiorésistance, en croissance constante tant chez les humains que chez les animaux. "On estime que la consommation mondiale d’antibiotiques chez les animaux augmentera de plus de 60 % d’ici à 2030 dans les pays tels que la Chine, le Brésil, l’Inde, ou la Russie. Si rien n’est fait, 10 millions de décès par an pourraient être liés aux antibiorésistances en 2050 (…), devenant la première cause de décès dans le monde", alerte François Gautier.

Bien sûr, si l’on souhaite lutter contre l’antibiorésistance (et la souffrance animale), il reste une option bien plus efficace que n’importe quel remède, naturel ou non : le boycott de l’élevage intensif. Mais celui-ci n’étant pas près de disparaître de sitôt, ID4Feed a le mérite d’apporter un début de solution (palliative) au problème.

La Charrette et son "BlaBlaCar pour marchandises"

La Charrette est un service aussi simple que son nom : il met en relation des producteurs afin d’organiser des livraisons groupées. En somme, c’est un site de covoiturage, à la différence que les passagers sont des tomates, des pommes de terre ou encore des fromages de chèvre. Dans l’onglet "Bourse aux trajets" sont chaque jour actualisés par les producteurs eux-mêmes les trajets prévus dans les prochains jours, histoire de faire "charrette commune".

Un producteur transportera ainsi les marchandises de l’un de ses confrères en échange de la réalisation d’un futur trajet ou d’une certaine somme fixée entre eux. La livraison une fois effectuée, les deux parties n’ont plus qu’à laisser un avis sur le site afin que la communauté d’utilisateurs puisse s’assurer de la fiabilité de ses membres, et ainsi du bon traitement de ses produits.

Alors oui, la plateforme de La Charrette est un brin archaïque, mais dans le fond, qu’importe, puisque tout le monde en profite : les producteurs (et leurs finances), les produits, et surtout, la planète, soumise à tout peu petit moins d’émissions de CO2. Merci pour eux.

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