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Découvertes

Le MIT se désolidarise du projet d'"immortalité numérique" de la société Nectome

L'Institut de technologie du Massachusetts, qui s'était associé à l'entreprise Nectome pour des travaux sur la survie numérique de la mémoire humaine, vient de faire marche arrière.

SEBASTIAN KAULITZKI/SCIENCE PHOTO LIBRARY/CORBIS
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Le 13 mars dernier, le MIT annonçait dans un article son intérêt pour le travail de Nectome, une start-up américaine ayant pour but de donner une immortalité numérique aux souvenirs humains. Mais le 2 avril dernier, l'institut de recherche a fait savoir via un communiqué qu'il préférait se désolidariser du projet pour le moment, à cause de "certains propos tenus publiquement" par l'entreprise, et de son manque de "connaissances scientifiques" sur le sujet. 

VOIR AUSSI : Le transhumanisme veut rendre l'humanité immortelle, mais est-ce une bonne idée ?

Tout a commencé en 2016. Deux anciens chercheurs du MIT s'alliaient pour créer Nectome, une entreprise souhaitant extraire le contenu de cerveaux humains, pour ensuite en récupérer les données pour les numériser et les rendre accessibles sur ordinateur. Cette procédure, "100 % mortelle" comme l'indiquait l'un des deux co-fondateurs de la start-up dans un communiqué, ne pourrait être réalisée que sur des patients décédés, puisqu'elle demande "l’injection d’un liquide d’embaumement dans les artères de ses patients", précisait Le Monde
 

Depuis sa création, l'entreprise a reçu plusieurs subventions, dont une s'élevant à un million de dollars de la part de l'Institut national de la santé mentale. Elle avait pour but de continuer à récolter des fonds en présentant ledit projet à d'autres investisseurs. Pour ceci, Nectome s'est notamment appuyée sur trois opérations réussies dans le domaine : une sur un lapin, une autre autre sur un cochon et enfin une dernière sur le cerveau d'une femme, décédée quelques heures avant les tests.

Une pratique qui pose un fort questionnement éthique

Ainsi, de nombreux clients – 25 au total – se sont inscrits sur une liste d'attente pour pouvoir bénéficier de ce service une fois morts, contre la somme de 10 000 dollars, avec la possibilité de se rétracter. Une pratique qualifiée de "contraire à l'éthique" par Sten Linnarsson, professeur de biologie au Karolinska Institute en Suède, dans une interview accordée au site du MIT. Il s'inquiétait notamment que l'association du nom "MIT" au projet "mène les gens à se suicider pour donner leurs cerveaux". 

Visiblement convaincu par les propos de Nectome, le MIT s'était engagé à ses côtés en mars dernier, apportant tout son soutien à une entreprise "comme il n'y en a jamais eue auparavant". Mais moins d'un mois plus tard donc, retournement de situation : le MIT se désolidarise complètement du projet, du moins pour l'instant. 

"Malgré la considération des promesses scientifiques de l'entreprise, sous-jacentes à ses objectifs commerciaux, comme certains propos tenus publiquement ont pu laisser entendre, le MIT a informé Nectome de son intention d'achever le contrat de sous-traitance entre les deux parties conformément aux termes de cet accord", explique l'institut dans un communiqué.

"La neuroscience n'est pas suffisamment avancée pour pouvoir s'assurer que n'importe quelle méthode de préservation du cerveau est assez fiable pour que tous types de biomolécules reliées à la mémoire et la pensée puissent être récupérées. On ne sait également pas s'il est possible ou non de recréer la conscience d'une personne". 

Cependant, le MIT n'exclut pas la possibilité de contribuer un jour au projet, mais seulement une fois que la science aura apporté les preuves manquantes à ses yeux. Et cela pourrait prendre des décennies.

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