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INTERNET

"Badnews", le jeu pour devenir un roi des “fake news”

Créer une théorie du complot, faire des titres racoleurs et anxiogènes sont quelques-unes des options proposées par "Badnews", un jeu créé par des experts néerlandais pour aider les internautes à reconnaître les “fake news”.

Au fil du jeu, le joueur gagne des badges - comme expert en exploitation des émotions ou spécialiste des théories du complot.
Au fil du jeu, le joueur gagne des badges - comme expert en exploitation des émotions ou spécialiste des théories du complot. Capture d'écran - Badnews
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Les “fake news”, c’est simple comme un tweet. Telle est l’impression qui ressort d’une partie de "Badnews", le nouveau jeu en ligne pour devenir une star de la diffusion de fausses informations sur Internet, développé par le collectif médiatique néerlandais DROG, en partenariat avec l’université de Cambridge, disponible en ligne depuis mardi 20 février.

Le jeu commence par un tweet colérique ou revendicatif contre les “médias qui nous mentent” ou “le gouvernement qui nous cache tout et ne nous dit rien”. D’étape en étape, "Badnews" incite à se bâtir un petit empire de la manipulation de l’opinion en augmentant le nombre de ses abonnés (fictifs bien sûr) et en améliorant sa crédibilité.

Plus de 11 600 followers

"Badnews" propose de créer un faux site d’informations à sensation, de déformer la réalité pour créer des scandales, d’attaquer ses détracteurs sur Twitter ou encore de se choisir une cible de prédilection, que ce soit le grand méchant gouvernement ou les cupides multinationales.

Une partie se joue en une vingtaine de minutes et le succès se mesure au nombre d’abonnés. Notre champion maison a obtenu un score de 11 668 followers. “Ce n’est pas loin du maximum”, reconnaît Jon Roozenbeek, co-créateur du jeu et chercheur à l’université de Cambridge, contacté par France 24.

"Badnews" propose, entre autres, d'incarner un climatosceptique.
"Badnews" propose, entre autres, d'incarner un climatosceptique.

Le jeu est dans l’air du temps. Entre les bots (comptes Twitter automatisés) russes ayant cherché à favoriser l’élection de Donald Trump à la présidentielle des États-Unis en 2016, ceux qui essayaient de dénigrer Emmanuel Macron durant l’élection présidentielle française de 2017 et la propagation des fausses informations au lendemain de la tuerie au lycée de Floride le 14 février 2018, l’ère numérique semble appartenir aux rois des “fake news”.

Mais les créateurs de "Badnews se défendent d’avoir imaginé leur jeu en réaction à l’actualité. “L’utilisation de fausses informations dans un but de propagande politique n’est qu’un symptôme d’un phénomène plus large et ancien correspondant à une sous-culture sur Internet spécialisée dans la désinformation”, explique Jon Roozenbeek. En clair, les fausses informations sur Internet existaient avant les “fake news” et elles ne sont pas l’apanage des agents russes de propagande ou des soutiens de Donald Trump. “Elles sont apolitiques et les mêmes techniques sont utilisées aussi bien à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite”, assure le spécialiste néerlandais.

Mode opératoire des pros des "fake news"

"Badnews" est simple à dessein. “L’idée est de montrer qu’il est très facile, à condition d’avoir du temps et l’envie, de s’imposer dans le paysage des informations fallacieuses”, note Jon Roozenbeek. La plupart des techniques mises en avant ne surprendront pas les “millenials” qui sont, pourtant, la cible de ce jeu. Tweeter au nom de Donald Trump au lieu de Donald Trump dans l’espoir de tromper la vigilance n’a rien de novateur. Utiliser des montages photo ou des détournements d’images (les mèmes Internet) pour rendre ses tweets plus attractifs est un procédé éprouvé. Il en va de même de l’achat de “followers”, chargés de retweeter le moindre gazouillis, qui est entré dans l’arsenal de techniques utilisées par celui qui veut devenir influent sur les réseaux sociaux.

Les concepteurs du jeu pointent l’utilisation systématique de toutes ces méthodes dans le but de tromper l’opinion. Ils ont observé le mode opératoire de professionnels des “fake news” sur Internet, étudié des opérations des campagnes de désinformation pour réaliser que tous suivaient les mêmes étapes pour faire passer leur message.

Se mettre dans la peau de ces manipulateurs doit permettre de reconnaître plus facilement, ensuite, les tentatives de désinformation qui fleurissent sur les réseaux. Pour Sander van der Linden, l’autre co-auteur de "Badnews", le jeu doit agir “un peu comme un sérum”. En exposant les joueurs à la maladie à petite dose, il espère que certains finiront par être immunisés. Un pari ambitieux qui a déjà séduit l’armée néerlandaise : elle leur a demandé de créer une version spécifique de "Badnews" qui pourrait permettre aux officiers de mieux reconnaître des fausses informations en situation de crise.  

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