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ESPIONNAGE

Les espions chinois s'habillent en chasseurs de tête sur LinkedIn

Les services allemands de renseignement ont mis en garde contre la présence d'espions chinois sur le réseau professionnel LinkedIn qui, déguisés en chasseur de tête ou hommes d'affaires, cherchent à recruter des informateurs en Allemagne.

Quatre des profils LinkedIn gérés par les services de renseignement chinois.
Quatre des profils LinkedIn gérés par les services de renseignement chinois. BfV
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Rachel Li a tout pour plaire sur LinkedIn. Elle est chasseuse de tête pour un important cabinet de recrutement chinois, elle présente bien et lorsqu'elle prend contact via le célèbre réseau social professionnel, c'est pour faire miroiter d'alléchantes opportunités de carrière. Même chose pour Jason Wang, qui affirme faire partie de l’association France euro-chine, ou Laeticia Chen, présentée comme membre d’un centre de réflexion chinois.

Ils clament tous pouvoir ouvrir en grand les portes de la Chine à leurs interlocuteurs. Mais le Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, le service de renseignement allemand) a affirmé, dimanche 10 décembre, qu’il ne fallait pas les croire. Pour une raison simple : ces influents chinois n’existent pas.

Huit profils rendus publics

Après une enquête de neuf mois, les espions allemands en sont arrivés à la conclusion que ces faux profils sur LinkedIn ont été montés de toutes pièces par les services de renseignement chinois pour tenter de recruter des informateurs. Le BfV estime que plus de 10 000 Allemands, au minimum, ont été approchés par ces faux "amis" sur LinkedIn.

Preuve que la menace est prise au sérieux à Berlin : le service de contre-espionnage a, contrairement à son habitude de discrétion, décidé de rendre public huit profils gérés par les espions chinois. Rachel Li, Laeticia ou encore Jason ont disparu de LinkedIn à la suite de ces révélations. Le BvF n’a pas précisé combien d’espions en habits respectablesde contacts professionnels avaient été identifiés.

Les cibles de ces recruteurs virtuels sont majoritairement des agents publics ou des spécialistes travaillant sur des sujets intéressants Pékin, comme le Tibet, les questions de taux de change ou encore la minorité musulmane chinoise des Ouïghours. Les espions chinois ont approché des membres du ministère de la Défense, du Bundestag (la chambre basse du Parlement), des militaires, des députés européens et des académiciens.

Voyages tout compris

Typiquement, les faux contacts couvraient d’éloges leurs nouveaux "amis" professionnels sur leurs travaux, leur parlaient d’opportunités de participer à des conférences rémunérées et évoquaient une "connaissance" bien placée dans l'appareil d'État qui voulait les rencontrer. Ensuite, la victime se voyait offrir un séjour en Chine tout compris pour approfondir la relation.

Une fois sur place, la cible des espions chinois étaient ensuite pousséeà fournir des informations sensibles. Le BfV ne précise pas si ou combien d’Allemands ont succombé aux sirènes de ces faux chasseurs de tête ou éminents membres de cercles de réflexion chinois.

La pêche chinoise aux informateurs ne serait pas limitée à l’Allemagne, laisse entendre les espions allemands. Le BfV s’était déjà intéressé en juillet 2017 à la présence sur les réseaux sociaux – principalement Facebook, LinkedIn et Xing (concurrent allemand de LinkedIn) – d’espions russes déguisés en chasseursde tête ou hommes d’affaires. Le service allemand de renseignement avait précisé à l’époque que les victimes n’étaient pas qu'allemandes et qu'il y avait aussi des "fonctionnaires européens" parmi elles. Les Allemands sont, en tout cas, les seuls qui, pour l’instant, ont lancé une alerte à ce sujet.

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