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ÉTATS-UNIS

Nicole Mincey, l’étrange militante de Trump qui n’existait (presque) pas

Les médias américains se fascinent pour le cas de Nicole Mincey, une partisane afro-américaine de Donald Trump, qui l'a personnellement remerciée sur Twitter. Mais personne ne sait vraiment si elle existe ou s’il s’agit d'un bot aux mains des Russes.

La photo de profil de Nicole Mincey a été prise dans une banque de données d'images.
La photo de profil de Nicole Mincey a été prise dans une banque de données d'images. Capture d'écran - Twitter
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Qui est Nicole Mincey ? Depuis un tweet présidentiel de Donald Trump, samedi 5 août, la remerciant pour son soutien, cette utilisatrice de Twitter intrigue les médias américains. Le président s’est-il fait duper par un bot, un compte automatisé, aux mains des Russes ou Nicole Mincey est-elle réellement une afro-américaine qui défend Donald Trump avec la même ferveur et outrance que le premier extrémiste venu ?

Virtuelle ou non, Nicole Mincey est devenue en quelques jours un condensé des problèmes liés au recours presque compulsif du président américain à Twitter et à la possible existence d’une armée de bots qui cherchent à influencer le débat public aux États-Unis.

Avec Lex, la “mannequin blonde”, et Rio Grande, le fan d’armes à feu

Peu après le tweet présidentiel, la photo du profil de Nicole Mincey a interpellé plusieurs internautes. L’un d’entre eux a retrouvé ce visage avenant de femme noire sur Place It, un site qui propose des photos de modèles portant des T-shirts qui peuvent être personnalisés pour arborer de logo de n’importe quelle entreprise.

Alertés, les responsables du site ont assuré que la femme sur la photo n’avait rien à voir avec une quelconque Nicole Mincey et n’était pas une fervente militante de la politique du président. Ils ont alors découvert une dizaine d’autres comptes Twitter, qui se suivaient mutuellement, ayant repris frauduleusement des photos de Place It pour illustrer leur profil. Il y avait Lex, qui se décrivait comme “mannequin blonde, ambassadrice de marque et fan de Trump” ou encore Rio Grande, un Texan fan d’armes à feu, et Chinami K, une “immigrée japonaise LEGALE”.

Tous ces comptes passaient leur temps à se retweeter entre eux, avec une prime à Nicole Mincey, la plus active de tous. Un comportement typique de bot. Place It établi une liste des utilisateurs qui ont volé des images du site et Twitter a décidé de fermer ces comptes. La messe semblait être dite : Donald Trump avait, sans le savoir, permis de démanteler un bataillon de bots.

Sauf que Nicole Mincey avait une histoire en dehors de Twitter. Elle semblait être responsable d’un site d’e-commerce (son nom apparaissait comme le contact), Protrump45.com, qui vend des T-shirts et casquettes de soutien à Donald Trump. Elle y tenait aussi un blog où elle racontait son parcours de jeune entrepreneuse qui a découvert les vertus du conservatisme américain après s’être égarée dans l’Obamania.

Elle a aussi écrit un article pour un site ultra-conservateur où elle développait les arguments pour les Afro-américains de soutenir le président. Elle a également signé une contribution dans la section “communautaire” du site Buzzfeed. Le site d'infotainment Heavy a même retrouvé un enregistrement d’une femme se présentant comme Nicole Mincey qui a participé à une émission sur la radio conservatrice Trending USA Radio en mai 2017.

Vol d'identité numérique ?

De quoi mettre à mal la théorie du bot. Les créateurs de ces faux comptes n’ont pas l’habitude de se donner tant de mal pour donner vie à leur marionnette. Heavy et le site Dailybeast ont, finalement, réussi à trouver une étudiante afro-américaine de 21 ans, habitante du New Jersey, qui semble être à l’origine de tout.

Cette jeune femme assure avoir été recrutée début 2017 par un groupe de 10 personnes pour écrire des billets de blog sur le site protrump45 et prêcher la bonne parole ultra-conservatrice sur Twitter. Elle s’y est adonné un temps par réelle conviction, sous pseudonyme, avant de se lasser.

Mais, assure-t-elle, il était trop tard : Nicole Mincey lui avait échappé. D’autres membres du groupe avaient réussi à pirater son compte Facebook et prendre le contrôle de son fil Twitter. Une autre personne aurait participé à l’émission radio à sa place. Elle affirme vouloir porter plainte pour vol d’identité numérique.

Pressée par le Daily Beast, cette étudiante a cependant échoué à fournir des preuves de ce qu’elle avance. Elle connaît seulement le prénom de quelques autres membres du groupe et les numéros de téléphone et adresses email qu’elle a transmis ne répondent pas. L’histoire de Nicole Mincey n’a donc pas encore de point final.

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