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INTERNET

Alphabay, Hansa : les dessous d'un empire du e-commerce criminel

Le FBI et Europol ont fermé, jeudi, Alphabay et Hansa, deux des principaux e-commerçants de drogues, armes et autres produits illégaux. Les détails de cette opération en disent long sur ces nouveaux cyber-barons de la drogue.

Alphabay était le premier e-vendeur de produits illégaux sur le darknet, et Hansa était le troisième.
Alphabay était le premier e-vendeur de produits illégaux sur le darknet, et Hansa était le troisième. Europol
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Le FBI et Europol ont frappé un grand coup contre la vente en ligne de drogues, armes, et autres produits illégaux. À l'issue d'une opération conjointe, les deux agences de renseignements ont annoncé, jeudi 20 juillet, avoir fermé les sites Alphabay et Hansa, respectivement le premier et troisième supermarché de stupéfiants sur le darknet, cette partie de la toile inaccessibles via les moteurs de recherche.

Ces deux plateformes avaient comblé le vide laissé par la disparition de Silk Road, le plus célèbre des sites de ventes en ligne de produits illégaux, fermé par le FBI en 2013. À l’instar de leur prédécesseur, Alphabay et Hansa fonctionnaient essentiellement comme un site d’enchère à la eBay, mettant en relation des vendeurs  avec des acheteurs potentiels.

369 000 produits illégaux

Les accros à Alphabay ont vu le coup venir puisque leur e-marchand n’était plus accessible depuis le 6 juillet. La surprise a été bien plus grande, en revanche, pour ceux d’Hansa qui ont découvert que le site ne fonctionnait plus quelques heures seulement avant l’annonce des autorités. Ils ont surtout appris que leur supermarché favori était contrôlé par la police néerlandaise depuis un mois… leur permettant de glaner de précieuses informations sur les vendeurs et acheteurs.

La fermeture de ces sites n’est que la partie émergée de l’iceberg. Tandis qu’Europol reste assez discret sur les détails du dossier Hansa, l’acte d’accusation du FBI contre Alphabay et ses responsables en dit long sur l’ascension et la chute de l’un des plus importants empires du e-commerce de produits illicites.

À son apogée, Alphabay proposait près de 369 000 produits aussi divers qu’illégaux. Europol précise qu’il s’agissait essentiellement de drogues (250 000 offres) et que le reste était constitué de faux papiers, contrefaçons, armes et logiciels malveillants. Hansa disposait d’un catalogue similaire quoique légèrement plus modeste, d’après les autorités.

->> Aussi sur France 24 : Comment le FBI a remonté la piste du fondateur de "The Silk Road"

Un large choix qui avait attiré plus de 200 000 acheteurs pour 40 000 vendeurs sur chacune des deux plateformes. Alphabay avait “enregistré un milliard de dollars de transactions [payées en cryptomonnaie comme le bitcoin, NDLR] depuis sa création en 2014, selon une estimation basse”, assure Europol.

Riche comme Cazes

Les responsables de ces sites, qui brassaient des centaines de millions de dollars, prélevaient une commission - de 2 à 4 % dans le cas d’Alphabay - sur chaque transaction. Une affaire lucrative qui avait permis à ces cyber-barons de la drogue d’être à la tête de fortunes de plusieurs dizaines de millions de dollars.

Le fondateur d'Alphabay, Alexandre Cazes avait été arrêté par la police thaïlandaise le 5 juillet et retrouvé mort dans sa cellule une semaine plus tard. Il se serait suicidé, selon les autorités thaïlandaises. Une thèse contestée par le père du jeune canadien de 26 ans.

Avant sa chute, Alexandre Cazes s’était bâti une petite fortune. Son supermarché de la drogue lui a rapporté 23 033 975 dollars, d’après des documents saisis à son domicile thaïlandais. Une fortune qui lui avait permis de laisser libre cours à ses goûts de luxe. Il disposait d’une Lamborghini, d’une Mini Cooper (pour sa compagne thaïlandaise), d’une Porsche Panamera et d’une moto BMW. Alexandre Cazes possédait quatre maisons en Thaïlande, s’était offert une villa de luxe à Chypre pour 2,8 millions de dollars et une maison en bord de mer sur l’île d’Antigua

Des demeures à Chypre et Antigua qu'Alexandre Cazes n'a pas acheté seulement par envie d’y passer des vacances. Il voulait, grâce à ces acquisitions, devenir citoyen de ces paradis fiscaux.

Ces deux îles proposent en effet des citoyennetés par investissement. L’achat d’une maison à plusieurs millions (deux millions d’euros d’après le FBI, 5 millions d’euros d’après Auray Capital, société de conseil en immigration d’affaires) permet d’obtenir un passeport chypriote. Alexandre Cazes était en train de faire les démarches nécessaires et il avait déjà obtenu la nationalité d’Antigua contre un investissement immobilier de 400 000 dollars.

Commentcamarche.com

Prévoyant, le fondateur d'Alphabay avait ouvert des comptes dans plusieurs paradis fiscaux comme le Liechtenstein, la Suisse ou encore à Saint-Vincent-et-les Grenadines, une île des petites Antilles dans les Caraïbes. Il faisait ensuite transiter les fonds par plusieurs banques thaïlandaises pour profiter des fruits de ses méfaits.

À l'origine, Alpha02 avait donné son nom et son email dans ce message qui remonte à 2008.
À l'origine, Alpha02 avait donné son nom et son email dans ce message qui remonte à 2008. Capture d'écran, commentcamarche.fr.

Malgré ses précaution, c'est une erreur de débutant qui l'a trahi. Le FBI a remonté la trace d’Alexandre Cazes grâce, notamment, au forum technologique français commentcamarche.fr. Le Canadien y a prodigué par deux fois des conseils sur la façon de se protéger contre certains virus sous l’alias alpha02, le même pseudo qu’il utilisait en tant que modérateur d’Alphabay.

Dans l’un de ses messages, daté de 2008, il a même laissé son vrai nom et son email personnel (Pimp_alex_91@hotmail.com). Coup de chance pour les enquêteurs, c’est la même adresse électronique qu’Alphabay fournissait, à ces débuts en 2014, aux utilisateurs qui avaient oublié leur mot de passe pour le réinitialiser. Aux origines d’Alphabay, Alexandre Cazes donnait donc sa véritable adresse électronique : pas très malin pour quelqu’un qui espère prospérer longtemps dans le monde de la criminalité.

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