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Découvertes

Et si la blockchain pouvait hacker la démocratie à l'heure d'Internet ?

Créée en 2015, la fondation Democracy Earth milite pour mélanger les valeurs d'un Web décentralisé et incorruptible aux exigences citoyennes de la démocratie. À l'occasion du festival OuiShare, Mashable FR a rencontré Virgile Deville, son fondateur.

Democracy Earth
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On connaît les vertus de la blockchain : elle permet de stocker et transmettre des informations de façon transparente, décentralisée et totalement sécurisée. Mais au lieu de limiter cette technologie à la monnaie numérique qu'est le bitcoin, et si on l'étendait à d'autres champs d'application ?

VOIR AUSSI : Où sont passées les promesses de la blockchain ?

On a déjà vu par exemple que la blockchain pouvait être utile à l'échange d'électricité, et même peut-être, au système de droits d'auteur dans l'industrie musicale. Elle pourrait aussi être utilisée pour offrir une identité numérique aux sans-papiers de ce monde. Il y a un autre terrain sur lequel elle a de quoi être un levier : la participation citoyenne. Prenons les choses très simplement et commençons par une question. Aujourd'hui, quelle est cette chose qui valide vos bulletins dans l'urne, organise la vie administrative et régule le pouvoir des collectivités ? Notre confiance en l'État.

Sans elle, le pouvoir de l'État n'a aucune légitimité. Si bien que l'on ne peut aujourd'hui envisager d'autres circuits légitimes que celui d'un pouvoir ascendant sur les citoyens. Pourtant, les nouvelles technologies ont apporté avec leur développement tout un lot de nouveaux outils pour repenser la gouvernance. Incorruptible et horizontale, la blockchain pourrait par exemple nous permettre de nous réapproprier la décision politique.

La démocratie a besoin de plus de transparence

L'avantage de la blockchain, c'est que tout ce qui transite par elle demeure inéffaçable et impossible à falsifier. Cela en fait un système de stockage hyper fiable. Une façon d'implémenter la blockchain dans un processus de prise de décision consisterait en l'utilisation du "time stamping" et de l'authentification existant sur Bitcoin. Ainsi, n'importe quelle donnée deviendrait une chaîne de caractères uniques et certifiée grâce au hachage cryptographique, fait valoir Virgile Deville de Democracy Earth.

Cette fondation qui milite pour "une démocratie en pair à pair" a également réfléchi à un outil, appelé Sovereign, qui permettrait d'affiner le degrès d'intérêt qu'a chaque citoyen à propos d'une question donnée. Il s'agit du principe de "démocratie liquide". Avec Sovereign, l'idée est que chacun peut voter en allouant une intensité à son vote, afin de moduler son opinion. Au lieu d'être arbitrairement "pour" ou "contre" une proposition, on peut choisir d'offrir, par exemple à une personne à qui l'on fait confiance, un certain nombre de votes – en partant du principe que chacun possède au départ le même nombre de votes. L'idée est de rompre avec le principe des experts qui nous guident, puisqu'enfin tout citoyen aurait la possibilité d'offrir sa confiance à une personne donnée sur une question donnée.

Pour éviter la corruption des personnes à qui des votes sont déléguées, Democracy Earth planche également sur un moyen de rendre des comptes à la personne qui a accordé ses votes. Ceci pourrait passer par le pouvoir de reprendre ceux-ci s'ils n'ont pas été utilisés comme prévu.

L'exemple colombien

Ce système a déjà été testé, en Colombie lors du dernier référendum. Alors que certains expatriés se sont retrouvés dans l'incapacité de voter, la plateforme Sovereign leur a été proposée comme vote alternatif et expérimental. Elle a permis de recueillir leurs avis sur des sujets allant d'un accord de paix avec les FARC à des mesures de prévention contre le trafic de drogue... Soit une façon plus affinée d'analyser l'opinion que ce que proposait binairement le référendum.

On pourrait aisément choisir de reproduire l'expérience avec tout mouvement intéressé par un mode de décision politique ne passant pas par un pouvoir central, à l'image de ce qu'a été Nuit Debout en France, par exemple. Finalement, en réglant le problème de la centralisation du pouvoir, la civic tech s'annonce comme un inspirant moyen de redonner du pouvoir aux citoyens sans passer par une autorité verticale. Encore à l'état de chrysalide, ce papillon de nouvelle gouvernance s'annonce comme le futur du sens démocratique.

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