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TECHNOLOGIES

Uber : Travis Kalanick, départ du macho en chef

Le départ de Travis Kalanick du poste de PDG d’Uber est le dernier rebondissement dans la saga du roi des VTC, dont la réputation a été ternie par une série de scandales révélateurs d'une culture d'entreprise toxique.

Travis Kalanick, le PDG d'Uber, a finalement décidé de quitter définitivement son poste de PDG d'Uber
Travis Kalanick, le PDG d'Uber, a finalement décidé de quitter définitivement son poste de PDG d'Uber Steve Jennings, AFP
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Le congé sabbatique ne suffit pas. Travis Kalanick, l’emblématique patron d’Uber, a décidé de quitter définitivement les rênes de l’empire du VTC qu’il a fondé en 2009. Le groupe a confirmé, mercredi 21 juin, l'ultime rebondissement d’une tragédie aux multiples actes, qui a débuté en février par le billet de blog d’une ex-ingénieure d’Uber dénonçant le climat sexiste et le harcèlement constant et impuni au sein de l’entreprise. Uber est alors devenu le symbole de la start-up trop sûre d'elle.

Les écrits de Susan J. Fowler ont provoqué un tollé médiatique et les révélations sur les coulisses de cette pépite de la Silicon Valley se sont ensuite succédées à un rythme effréné. La start-up, valorisée à plus de 70 milliards de dollars, a multiplié les licenciements pour essayer de montrer qu’elle tenait compte des critiques. Du cadre sup’ au vice-président, plus d’une vingtaine de personnes ont été remerciées. Tous ces départs étaient liés, d’une manière ou d’une autre, à des accusations de harcèlement ou de conduite abusive.

Ainsi, Travis Kalanick est vite devenu une sorte de Donald Trump du monde tech : comme le président américain aux prises avec un dossier russe de plus en plus épais, le patron sortant d’Uber semble crouler sous le poids des polémiques. Pourquoi échapperait-il à cette purge ? Certes, dans la Silicon Valley, le mythe de l’entrepreneur-fondateur procure une aura particulière à ces personnalités souvent mises sur un piédestal. Mais TK - son surnom en interne - a eu beau multiplier les mea-culpa sur Twitter, acceptant d’endosser la responsabilité des dysfonctionnements, cette série de bourdes et de polémiques ont fini par fragiliser sa position.

TK et le mépris des chauffeurs. La vidéo, publié fin février par Bloomberg, a déjà fait le tour du monde. Elle montre Travis Kalanick prendre de haut un chauffeur Uber qui se plaint de la baisse du prix des courses. Assis à l’arrière de la voiture, le PDG tente d’expliquer à un chauffeur, qui connaît des difficultés financières, que le groupe doit tout faire pour s’imposer face à la concurrence, quitte à frapper ses employés au portefeuille. Il finit par accuser le chauffeur d’être “incapable d’endosser la responsabilité pour ces propres problèmes”.

À la suite de la diffusion de la vidéo, Travis Kalanick s’est excusé, reconnaissant que son comportement avait été déplacé. C’est aussi la première fois qu’il a reconnu avoir “besoin d’aide extérieure pour devenir un meilleur dirigeant”.

"Sein" TK. En 2014, Travis Kalanick s’était vanté auprès d’un journaliste du magazine Esquire que le succès d’Uber était devenu, pour lui, un “boob-er” (que l’on pourrait traduire approximativement par “aimant à seins”). Déjà à l’époque, le machisme assumé de cette remarque avait fait mauvaise impression. Cet épisode a pris une nouvelle dimension à la lumière des accusations d’harcèlement et sexisme à répétition d’employées d’Uber ces derniers mois. La remarque démontre que le comportement du patron a joué un rôle dans le développement de la très décriée culture maison.

TK en Corée du Sud. Travis Kalanick a été personnellement - quoique indirectement - impliqué dans une plainte pour sexisme. Lors d’un déplacement professionnel en Corée du Sud en 2014, le patron du groupe et plusieurs autres dirigeants ont emmené toute l’équipe dans un bar à karaoké de Séoul, réputé pour permettre aux clients de choisir des “chanteuses” pour les accompagner au micro… et chez eux. L’une des femmes qui faisait partie de la délégation Uber sur place s’est plainte de l’épisode auprès des ressources humaines.

Tous les moyens sont bons pour TK. Travis Kalanick a la réputation d’être prêt à tout pour atteindre son but. En 2013, des centaines d’employés d’Uber ont été chargé de noyer le service concurrent Lyft sous des fausses commandes pour réduire la disponibilité des chauffeurs et perturber le service.

Quatre ans plus tard, Uber s’est retrouvé accusé d’utiliser des moyens à la limite de la légalité pour éviter d’être pris sur le fait dans des villes américaines où le service de VTC enfreint la règlementation locale. Les ingénieurs de la société ont mis au point un logiciel capable de découvrir si un client potentiel est un employé municipal, en allant piocher des informations sur les réseaux sociaux et les documents publics. Si tel est le cas, la réservation de véhicule n’est pas transmise aux chauffeurs.

Deux exemples qui démontrent que les écarts de conduite n’ont que peu de valeur aux yeux de Travis Kalanick, si les résultats sont au rendez-vous. C’est aussi l’un des principaux reproches formulés à l'encontre de l’entreprise, accusée de fermer les yeux sur les abus commis par des dirigeants qui remplissent leurs objectifs.

La décision de laisser Travis Kalanick partir peut être vue comme une affaire purement “uberesque”. Mais elle peut aussi être le point de départ d’un mouvement plus vaste de remise en cause de l’immunité quasi-absolue dont bénéficient les dirigeants-fondateurs au sein du monde de la tech.

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