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MÉDIAS

L’acquisition semée d’embûches de Time Warner par AT&T

L'acquisition pour une somme record de Time Warner par le géant américain des télécom AT&T est loin d'être finalisée. L'accord soulève de nombreux problèmes et pourrait se heurter aux réticences des autorités comme des politiques.

Time Warner a accepté d'être racheté pour plus de 80 milliards de dollars par AT&T.
Time Warner a accepté d'être racheté pour plus de 80 milliards de dollars par AT&T. Kena Betancur, AFP
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Quelque 108,7 milliards de dollars et de nombreuses questions en suspens. Le mariage financier de l’année, annoncé dimanche 23 octobre, entre AT&T et le géant des médias Time Warner va coûter 85,4 milliards de dollars à l’opérateur télécom, auxquels il va devoir ajouter 23,3 milliards de dollars pour faire face aux dettes de Time Warner.

Cette mega-fusion entre le mastodonte des télécom et le propriétaire de la chaîne d’information en continu CNN, du studio de cinéma Warner Brothers et de la chaîne de télé HBO est censée apporter son lot de synergies entre contenus et contenant à AT&T. L’opérateur acquiert à grand renfort de dollars les émissions, films et autres qu’il pourra ensuite faire parvenir à ses clients grâce à ses propres tuyaux.

C’est le même rêve qu’avaient caressé les dirigeants d’AOL et Time Warner lorsqu’ils avaient décidé de la fusion des deux groupes en 2000… qui s’est finalement soldé par un echec. Le Français Jean-Marie Messier avait aussi tenté, en vain, d’étendre l’empire Vivendi à la musique et au cinéma en rachetant Seagram (propriétaire d’Universal Music et des studios Universal) en juin 2000.

Leur objectif était similaire : maîtriser de bout en bout la chaîne de production médiatique, ce qui permettrait de faire des économies d’échelle, puisque la négociation des droits d’acquisition pour telle ou telle série ou film deviendrait superflue.

AT&T va-t-il réussir là où ses prédécesseurs ont échoué ? Rien n’est moins sûr. La route vers l’acquisition de Time Warner est encore semée d’obstacles :

- Les régulateurs. Quid de la concurrence ? Les autorités américaines de la concurrence vont regarder de très près les implications de cet accord. Le principal problème pourrait provenir de DirectTV.

AT&T a acquis ce service de télévision payante, qui compte 25 millions d’abonnés, en juillet 2015. L’opérateur pourrait être tenté de réserver sur DirectTV un traitement de faveur à CNN ou HBO au détriment des chaînes concurrentes. Le régulateur américain va devoir s’interroger sur le risque engendré par ce nouvelle empire médiatique pour ses concurrents.

- Les politiques. L’annonce de ce mariage intervient en pleine campagne pour l’élection présidentielle américaine. Les deux candidats à la Maison Blanche n’ont donc pas tardé à réagir et ils ne sont pas tendre avec AT&T et Time Warner.

Le républicain Donald Trump a promis de bloquer le mariage s’il était élu car il permettrait de “concentrer trop de pouvoir entre les mains d’un trop petit nombre de personnes”. Le milliardaire a un intérêt très personnel à s’opposer à cet accord car il estime que CNN, propriété de Time Warner, lui réserve un traitement partial. Il ne veut pas voir la chaîne devenir encore plus puissante au sein d’un gigantesque empire médiatique.

Hillary Clinton s’est montrée moins véhémente. La candidate démocrate a laissé son colistier Tim Kaine monter au créneau. “Je suis en faveur de plus de concurrence et je pense qu’il faut moins de concentration, surtout dans le secteur des médias”, a déclaré celui qui ambitionne de devenir vice-Président des États-Unis.

-La neutralité du Net. L’accès à HBO, CNN ou aux films Warner Bros restera-t-il le même à l’ère de l’empire AT&T/Time Warner ? C’est le casse-tête de la neutralité du Net. En résumé, le principe veut qu’un opérateur ne puisse pas rendre l’accès à un service en ligne plus lent ou difficile à certains utilisateurs du réseau. AT&T peut vouloir donner le meilleur débit possible aux abonnés de DirectTV pour regarder, par exemple, Game of Throne en “streaming”, tout en bridant celui des utilisateurs de Verizon ou Comcast.

Un tel favoritisme passerait très mal aux États-Unis. La FCC (Federal Communication Commission, le gendarme américain des télécommunications) a par exemple déjà convoqué, en janvier 2016, Comcast et T-Mobile, soupçonnés d’enfreindre la neutralité du Net, et les a mis en garde. En octobre 2015, cet organisme s’est même doté de règles pour assurer la neutralité du Net. La FCC ne devrait pas manquer de demander des garanties à AT&T, ce qui risque encore de ralentir la fusion avec Time Warner.

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