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Découvertes

L'application La Cerise du journal L'Humanité peut-elle provoquer le Grand Soir ?

Mi-septembre, le journal L'Humanité a lancé en bêta l'application La Cerise, un réseau social pour aider à la mobilisation des militants syndicaux et politiques en rassemblant dans un même univers débats, propositions et pétitions.

L'application La Cerise permettra-t-elle la convergence des luttes ?
L'application La Cerise permettra-t-elle la convergence des luttes ? Capture d'écran Mashable
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Basculer pleinement dans le nouveau millénaire et mettre à profit les possibilités offertes par les nouveaux moyens de communication : tel est sans doute l'objectif du journal L'Humanité en lançant l'application La Cerise.

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Mise en ligne en marge de la Fête de l'Humanité, jeudi 8 septembre, elle se veut l'outil qui permettra le grand rassemblement des mobilisations politiques et sociales à gauche. Objectif du journal, toujours très proche du Parti communiste français : aboutir à une convergence des luttes.

“Si LinkedIn est fait pour entretenir son réseau professionnel, La Cerise est un réseau pour les mobilisations", explique Fabrice Savel, directeur des contenus éditoriaux de LHumanité.fr, à Mashable FR. "Notre objectif, c'est d'offrir un service et un outil à nos lecteurs ainsi qu'à tous les citoyens qui se mobilisent sur des causes. Afin qu’ils puissent partager leur engagement, on a souhaité mettre en place un outil qui rassemble pétitions, discussions, agenda et contacts.”

Le nom de l'application fait référence au chant révolutionnaire écrit par Jean-Baptiste Clément en 1866, il est traditionnellement associé à la Commune de Paris. Noir Désir en avait fait une reprise en 2008.

Comment ça marche ?

Premier pas vers la convergence des luttes, l'installation. Et comme la révolution est indifférente au clivage iOS / Android, elle est disponible sur les deux plateformes.

Deuxième étape : rejoindre la communauté. Bien vu : l’application nous laisse nous connecter via nos comptes chez les géants américains Google ou Facebook. Ici, pas question d'anonymat, on débat sous son vrai nom. L'insoumission avance à visage découvert.

On a maintenant accès aux causes et aux pétitions. Les sujets déjà en ligne sont multiples : retrait de la loi Travail, fermeture des bureaux de poste, accueil des migrants… Le panel est large et est répresenté quasiment l'ensemble des luttes syndicales, politiques, sociétales et environnementales associées à la gauche. On passe de la campagne de 2017 à des luttes plus locales comme le sauvetage de la gare de Castelsarrasin. 

Et l'accent est mis sur la participation : chacun peut proposer un sujet qui lui tient à cœur.

Chose intéressante : une cause est consacrée à l'avenir du journal L'Humanité, qui comme la plupart des titres de presse voit ses ventes d'effondrer. Deux possibilités s'offrent aux utilisateurs de la Cerise : commenter ou faire une proposition. J'ai proposé de créer un abonnement en ligne à un tarif préferentiel, qui serait destiné aux étudiants et aux chômeurs. Une fois postée, cette suggestion est soumise au débat des utilisateurs qui peuvent l'approuver (pouce vert), la rejeter (pouce bas) ou se montrer neutres (une main orange).

Très vite, j'ai engrangé le soutien de quelques personnes. Pour plus d'impact, l'application m'offre la possibilité de partager sur les réseaux sociaux les idées et les causes que je trouve intéressantes via le petit bouton situé en bas à droite.

Un vieux projet

"L'idée nous est venue il y a quelques années, quand Facebook a pris de l'essor. Un premier projet en partenariat avec des étudiants avait été lancé mais il n'avait pas abouti en raison de la situation financière du journal", raconte Fabrice Savel.

Si cette fois le projet a pu voir le jour, c'est grâce au fonds stratégique de développement de la presse, du ministère de la Culture et de la Communication, qui soutient les projets d'innovation dans les médias. "L’Inagora nous a bien appuyé aussi, pour éviter d’avoir à toucher aux fonds du journal", précise le directeur des contenus. Le budget de 100 000 € n'a donc pas plombé les finances du titre en difficulté depuis maintenant plusieurs années. En effet, sa diffusion payée a fortement diminué, passant de près de 50 000 exemplaires quotidiens en 2004 à environ 36 000 en 2016, selon l'ACPM.

C'est d'ailleurs le journal qui a montré l'exemple en créant la première cause : un appel à la mobilisation contre le plan social de la Poste qui prévoit la fermeture de plusieurs dizaines de bureaux.

Mais, à terme, l’application se veut une caisse de résonance pour les idées du journal : “Nous allons être aussi acteur en lançant régulièrement nos propres causes et en contribuant au débat”, annonce Fabrice SavelL’Humanité relaie déjà régulièrement des causes qui lui tiennent à cœur sur son fil Twitter.

En créant de la mobilisation autour des grandes et des petites causes, c’est aussi un but un peu plus pragmatique que poursuit L’Humanité : “L'objectif c'est aussi d'élargir notre audience auprès de tout un tas de gens que l'on ne touche pas forcément aujourd'hui”, avoue le journaliste de L'Huma.

L’application n’est pas exempte de défauts. L'un d'eux n'est pas très embêtant mais un peu rageant : notre compte ne reste pas connecté à l’appli entre deux ouvertures... Cependant, Fabrice Savel reste positif : “Quand il y a des remarques, on s'en sert pour améliorer l’appli."

Les faits lui donnent raison : un des défauts signalés par Rue89 quelques jours à peine après la sortie de l'appli est d'ores et déjà corrigé. Au tout début, les propositions étaient en effet limitées en nombre de signes : gênant pour débattre, avait souligné le site de l'Obs. Mais aujourd'hui, ce problème est résolu.

La priorité : attirer davantage d'utilisateurs

Pour le moment, l'application ne décolle pas en raison d'un nombre d’utilisateurs assez faible. Dans les commentaires sur le store Google Play, un des utilisateurs ne se trompe pas lorsqu’il affirme : “Génial, mais pour le moment pas beaucoup d’utilisateurs.” En trois semaines, L’Humanité revendique aux alentours de 2 000 téléchargements. Pas mal mais pas encore de quoi provoquer la révolution.

Mais La Cerise avance une stratégie pour générer davantage d’utilisateur. “On sollicite les organisations syndicales, associatives, les ONG, les partis et les acteurs de l’économie sociale et solidaire pour les inciter à utiliser l’appli”, explique Fabrice Savel. "Pour l'instant, il n’y pas de concrétisation mais c’est aussi pour une raison simple : l’application reste en phase de test."

La Cerise est jeune, elle a l’avenir devant elle. Ses projets ne manquent, elle prévoit déjà s’adjoindre une version Web. Pour éviter de se retrouver au cimetière des applications de mobilisation politique – comme feu la coopol du Parti socialiste –, elle s’appuie sur les 266 000 followers de L’Humanité sur Twitter et ses 700 000 fans sur Facebook. Pas sûr que cela suffise.

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