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Découvertes

Pourquoi Mozilla invite les internautes à pourrir la boîte mail du Parlement européen avec des selfies

En réaction au projet de réforme européen du droit d'auteur, la fondation Mozilla lance une campagne de protestation en ligne plutôt absurde... à l'image de tout un pan du texte qui sera prochainement soumis aux parlementaires.

Deal with it UE.
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Autant le dire clairement : la réforme du droit d’auteur à l’échelle européenne est un sacré bazar. Qui n’a pour le moment pas l’air de mettre grand monde d’accord.

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D’un côté, les professionnels de la culture, et particulièrement de l’audiovisuel, craignent de voir la notion de droit d’auteur réduite à peau de chagrin, et par extension, la création s’appauvrir. De l’autre, les défenseurs des libertés en ligne s’inquiètent à l’idée de finir pieds et poings liés face aux géants du Web comme Google ou Facebook, qui de leur côté seront en mesure de s’adapter financièrement à la nouvelle donne.

Dans ce contexte, Mozilla a souhaité faire entendre sa voix, et plutôt avec humour. Et c’est sur l’un des aspects les plus aberrants du projet de réforme que l’éditeur de Firefox s’est appuyé pour sa campagne en ligne : l’interdiction de publier sur le Net une photographie, même prise par soi-même, de certains monuments européens, le projet de loi invoquant le droit d’auteur de l’architecte ou de l’artiste. 

Le "droit de panorama" permet de rendre publique une image montrant l’espace public

L’équipe de Mozilla propose ainsi aux internautes de "prendre un selfie mécontent et d’envoyer l’image retouchée à l’Assemblée européenne". Pour encore plus de fun, elle leur donne même rendez-vous sur une plate-forme dédiée intitulée "Postcrimes". Les parlementaires devraient donc d’ores et déjà s’attendre à recevoir une belle pile d’œuvres d’art.

Selfies, GIFs et parodies bientôt illégaux ?

Jusqu’à présent, ce que l’on nomme le "droit de panorama" permettait à quiconque de rendre publique une image montrant un élément de l’espace public. Avec cette proposition de directive sur le droit d’auteur, poster une photo de soi devant la tour Eiffel la nuit (éclairée) pourrait donc revenir à commettre un acte illégal.

Dans un post de blog, le moteur de recherche, fervent défenseur de l’Internet libre, souligne par ailleurs que la Commission européenne n’inclut aucunement dans son projet de réforme la parodie ou encore le remix, ni même une clause permettant la transformation d’une œuvre à des fins non-commerciales. "Conclusion ? La réalisation de mèmes ou de gifs restera un acte illégal", peut-on lire.

Parallèlement, Mozilla a mis en ligne sur YouTube une série de vidéos plutôt sympathiques qui pointent du doigt le non-sens de la réforme :

Pour rappel, la proposition de réforme, présentée le 14 septembre dernier par Jean-Claude Juncker à la Commission européenne, prévoit aussi plusieurs grands changements :

  • La suppression du "geoblocking", ou la pratique qui consiste à ne pas donner accès à un programme en ligne ailleurs que dans son pays d’origine. Aujourd’hui, celui-ci permet une négociation des droits des programmes par pays. Une fois disparu, comme le prévoit le projet de loi européen, un programme audiovisuel qui sera disponible dans les 27 pays membres de l’UE reviendra finalement à n’avoir été acheté qu’une seule fois… au lieu de 27. Qui sera gagnant ? Les diffuseurs les plus puissants, capables d’acheter un programme à prix d’or. 
     
  • La création d’un "droit voisin" pour les éditeurs de presse, qui appliquerait le droit d’auteur aux médias. L’idée de la Commission européenne est bien ici de trouver une issue au conflit qui oppose depuis trop longtemps les moteurs de recherche et les éditeurs de presse. Ces derniers, qui se plaignent de céder sans contrepartie leurs contenus aux agrégateurs de Google ou Yahoo (qui en tirent des recettes), se verraient alors octroyer des droits d'auteur.
     
  • Une obligation de "filtrage automatisé" concernant les plate-formes telles que YouTube ou Dailymotion, qui devront intégrer des "technologies permettant de détecter automatiquement des chansons ou des œuvres audiovisuelles identifiées par les titulaires de droits et devant être soit autorisées, soit supprimées".

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