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Découvertes

On a demandé à des experts à quoi ressemblera le smartphone du futur

Cinq spécialistes tech ont accepté de laisser le champ libre à leur imagination et de nous partager leur vision (réaliste) du téléphone de 2030. La bonne nouvelle, c'est qu'on n’est pas bien loin des films de science-fiction.

Yagi Studios/Getty
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Imaginez qu’il y a à peine quinze ans, on s’extasiait à l’idée de pouvoir changer la coque bleu marine de notre Nokia 3310 et de posséder un jour un "GSM compact à clapet", modèle à la pointe de la technologie mobile de l’époque. À l’heure de l’iPhone 7 et de ses écouteurs sans fil, du Samsung Galaxy Note 7 à la batterie tellement puissante qu’elle en prend feu, ou encore des honorables smartphones low-cost, on a de quoi largement fantasmer l’aspect et les fonctionnalités de ceux qu’on utilisera dans les quinze prochaines années, soit aux alentours de 2030.

VOIR AUSSI : De l'intelligence artificielle au transhumanisme : jusqu'où ira-t-on ? 

Surtout si l’on compile nos projections aux technologies les plus prometteuses, comme la réalité virtuelle – déjà disponible auprès du grand public –, et surtout la réalité augmentée, encore en développement. Et même si ces dernières sont encore largement balbutiantes, on peut tout de même facilement supposer, à défaut de l’affirmer, qu’elles sauront trouver leur place dans nos quotidiens d’une manière ou d’une autre.  

Évidemment, la futurologie est une science à part entière, et il n’était pas question de faire deviner à nos interlocuteurs à quoi ressemblera avec exactitude le téléphone de demain. En réalité, on a surtout eu envie de mettre en parallèle les visions respectives qu’ils en ont et de constater à quel point celles-ci peuvent diverger, ou, plus intéressant encore, converger.

Car tous sont d’accord sur un point : l’intelligence artificielle sera au cœur de tout.

"Une super IA"

Patrick Beja, podcaster tech et gaming

"Je trouve ça toujours difficile de spéculer sur les technologies du futur, mais disons que deux visions – l’une raisonnable, l’autre peut-être un peu moins – me viennent à l’esprit. La première, c’est que nos smartphones (si on les appelle encore comme ça), seront dotés d’assistants virtuels bien supérieurs à ceux que nous connaissons aujourd’hui. À mon sens, en quinze ans, les progrès qu’auront connus les intelligences artificielles seront colossaux. On voit déjà à quel point le machine learning a accéléré les choses. Toutefois, j’ai du mal à imaginer que l’on interagira uniquement avec ces super IA. Je vois plutôt une multitude de technologies s’agréger autour de cet appareil. 

"Des assistants virtuels bien supérieurs à ceux que nous connaissons aujourd’hui"

Ma deuxième théorie, peut-être un peu plus prématurée, c’est que ce morceau de verre et de métal carré va disparaître pour laisser place à quelque chose de plus petit, plus ergonomique, comme une oreillette par exemple. Je pense que si une intelligence artificielle fonctionne suffisamment bien, en assimilant notamment le langage naturel, on pourra réduire considérablement son aspect matériel. Vous avez vu le film 'Her' ? Eh bien parfois, je me dis : 'Pourquoi pas.'

Après, je ne peux pas m’empêcher de penser à cette phrase de Steve Jobs, qui lui-même reprenait les dires d’Henri Ford : 'Si j'avais demandé aux gens ce qu'ils voulaient, ils m'auraient répondu des chevaux plus rapides'. Les évolutions les plus importantes, ce sont aussi celles que l’on n’avait pas vues venir. Que l’on ne conçoit encore même pas…"

"Une télécommande universelle"

Benoit Pereira da Silva, développeur et consultant indépendant en projets mobiles

"Le smartphone est un drôle d’appareil qui subit des mutations à un rythme inédit. Il faut bien imaginer qu’en dix ans, il peut connaître au moins trois cycles de vie. De quoi se dire que d’ici 2030, les transformations qu’il aura subies seront considérables. Mais je pense tout de même qu’il y aura encore des limites infranchissables, et que nous conserverons un certain nombre d’invariantes intrinsèques. Pour moi, par exemple, l’appareil en lui-même ne disparaîtra pas pour s’intégrer sous la peau. Il gardera une réalité actuelle.

Ce dont je suis aussi à peu près sûr, c’est que tout va se faire par le biais du langage naturel. Déjà parce que l’oralité est à la portée de presque tout le monde sur cette planète, contrairement à l’écriture – et ça, c’est un facteur incontournable si les industriels veulent vendre toujours plus. Et surtout, parce que le langage oral va permettre d’ouvrir le champ des possibles en matière d’interactivité.

"Tout va se faire par le biais du langage naturel"

Néanmoins, si la voix, et non plus les doigts, deviendra la commande principale, je ne pense pas que notre rapport à l’écrit disparaîtra totalement. En réalité, je vois le téléphone du futur comme une extension de nous-même, une 'télécommande universelle' – ce qu’il est déjà un peu aujourd’hui. Doté de vrais plus, comme un pico-projecteur, destiné à projeter une image sur un mur, ou encore d’un senseur moléculaire, capable, en les scannant, de déterminer la composition d’un aliment, d’un minéral ou d’une quelconque substance."

"Une sorte de hub"

Laurence Allard, sociologue des usages numériques et de l’innovation et chercheuse à l’IRCAV-Paris 3

"Sans hésitation, je dirais que tout, ou presque, passera par la voix. Alors que l’on vient de créer un nouveau type de langage composite, qui associe images, vidéos, texte et emojis, l’oralité va pour moi faire son grand retour. Non plus pour discuter, mais pour commander, via un assistant personnel qui sera la clé de voûte de nos téléphones. D’ailleurs, en supprimant la prise jack de ses iPhone 7, Apple a définitivement mis Siri au poste de commande.

"L’oralité va  faire son grand retour. Non plus pour discuter, mais pour commander"

Il se peut également que cet usage du son repose aussi beaucoup sur ce système d’écouteurs sans fil, qui nous permettrait à la fois d’entendre et de parler à cet assistant personnel. De toute façon, il y a un véritable chantier concernant les usages sonores, et je reste persuadée qu'une grande part des progrès se situeront à ce niveau là.

Parallèlement, j’ai le sentiment que tous les périphériques que nous possédons aujourd’hui à côté de notre smartphone vont venir se greffer à lui, faisant de lui une sorte de hub et le menant peut-être à se doter d’un écran biface ou triface. Mais j’imagine mal l’écran s’agrandir."

"Un appareil durable"

Yannick Le Duc, fondateur de Mobizel, société spécialisée dans les applis mobiles

"J’ai du mal à croire que le terminal smartphone tel que nous le connaissons, avec un bloc solide, va perdurer d’ici à quinze ans. À mon sens, l’interface tactile va apparaître comme de moins en moins intuitive. Ceci dit, je ne crois pas non plus à la puce enfouie sous peau.

"Il devra présenter un minimum de réparabilité"

J’imagine plutôt une sorte de casque fin, qui pourrait presque s’agrémenter de capteurs liés à notre cerveau. D’un point de vue fonctionnel, le dispositif pourra peut-être générer des écrans au mur ou même sur notre main, et sera totalement pilotable par le langage oral et naturel, grâce à son intelligence artificielle intégrée. 

Avant tout, quel que soit le terminal, je le conçois beaucoup plus durable que ce qu’il n’est aujourd’hui. Il devra – du moins j’espère que les pouvoirs publics l’imposeront – présenter un minimum de réparabilité, voire se soucier des matériaux qu’il utilise. Le projet Ara de Google (un téléphone modulaire, ndlr.), même s’il a aujourd’hui été arrêté, était peut-être un peu trop avancé pour notre époque. Dans cinq ans, on sera sûrement prêts à au moins se pencher vraiment sur la question."

"Une technologie invisible" 

Ulrich Rozier, journaliste tech et gaming, fondateur d’Humanoid

"Donc, nous voilà en 2030. L’IA fait déjà partie de notre quotidien, à travers la reconnaissance d’image – sur Google Photos par exemple –, la reconnaissance d’objet, la reconnaissance vocale et la compréhension du langage, via Siri par exemple. Tous ces outils viennent franchement nous améliorer la vie. Uber attire des flottes de voitures dans la rue en prévision des périodes de pointe. Nest surveille en permanence notre environnement en prévision d’une anomalie. Withings (une société française d'objets connectés, ndlr.) suit notre activité. Et ces produits nécessitent tout un réseau de processus prédictifs en non-stop juste pour nous épargner le désagrément mineur de quelques clics. 

"D’une invisibilité esthétique, cette technologie sera omniprésente car elle fonctionnera en permanence"

Ces produits ne veulent pas être remarqués. Ils veulent être le bruit de fond de notre routine quotidienne. La machinerie complexe de nos appareils électroniques se sera effacée, on n’aura plus de grande TV dans notre salon, ni de smartphones dans nos poches. Cette technologie sera invisible, d’une invisibilité esthétique, mais aussi omniprésente car elle fonctionnera en permanence.

Pas d’écrans ou de smartphones de plus en plus grands donc, mais une technologie ancrée dans la réalité, omniprésente pour nous accompagner. On aura certainement juste des lunettes ou éventuellement des lentilles de contact. On sera en mesure de regarder autour de nous, de voir des choses différentes et d'interagir avec nos mains pour saisir des choses. Les démonstrations de Microsoft avec Hololens laissent entrevoir quelques images de l'avenir du smartphone. Des hologrammes, des écrans souples, des interfaces en trois dimensions... Ils seront nos interfaces de tous les jours." 

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