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Le nouveau service de livraison en une heure d'Amazon irrite Paris et ses commerçants

Un représentant du commerce de proximité exprime sont inquiétude après le lancement de Prime Now, le service de livraison en une heure d'Amazon. Il craint, à l'instar de la mairie de Paris, une concurrence déloyale.

Un employé d'Amazon dans l'entrepôt parisien du géant américain de l'e-commerce
Un employé d'Amazon dans l'entrepôt parisien du géant américain de l'e-commerce Eric Piermont, AFP
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Après la France contre Uber, la Mairie de Paris contre Amazon. Anne Hidalgo a publié, dimanche 19 juin, un communiqué dans lequel la maire s’élève contre le lancement, jeudi 17 juin, du service Prime Now du géant américain du Net dans la capitale française.

Ce nouveau dispositif permet aux Parisiens, contre un abonnement annuel de 49 euros, d’être livrés en une heure, sept jours sur sept, pour des commandes portant sur un catalogue de 18 000 références, allant des jouets à l’électronique en passant par des produits alimentaires (aussi bien frais que surgelés).

Comme les taxis face à Uber

C’est là que le bât blesse. Car aux yeux d'Anne Hidalgo, Prime Now risque de créer une "concurrence déloyale" pour les commerces de proximité et d’entraîner une hausse de la "pollution" (à cause des véhicules de livraisons – scooters ou vans). La maire de Paris a également regretté de n'avoir été informée de ce lancement que "quelques jours avant". Elle a l’intention de saisir le législateur afin de "définir, par la loi, des garde-fous" pour éviter que les petits commerces et artisans pâtissent de l'arrivée de ce nouvel acteur.

Contacté par France 24, Amazon n’a pas désiré commenter les propos de la Mme Hidalgo. En revanche, Jean-Luc Gosse, coprésident de la Fédération française des associations de commerçants (FFAC) s’est réjoui de la fermeté affichée par la Mairie de Paris. Cela va "dans le bon sens", indique-t-il à France 24.

Pour lui, les commerces indépendants se retrouvent dans une situation similaire aux taxis face à Uber. "Nous ne sommes pas contre les nouvelles technologies, mais on s’oppose à ce que certains comme Amazon en font pour créer de distorsions de concurrence", explique-t-il. Face au boucher ou au magasin de jouet du coin, le géant américain peut compter sur sa force de frappe financière pour mieux négocier les prix, n’a pas les mêmes contraintes territoriales (il peut livrer sur tout Paris), ne paie pas les mêmes charges et ne doit pas se plier aux mêmes règles juridiques. Ainsi, Amazon n’a pas eu besoin d'obtenir l’autorisation municipale pour mettre son service en place, comme n’importe quelle autre commerce ou grande surface de plus de 10 000 m². Son entrepôt géant dans le 18e, d’où il livre, n’est pas considéré comme une surface de vente soumise à la délivrance d’une autorisation tel que décrit par la loi Royer de 1973.

L'initiative d'Amazon passe d'autant plus mal aux yeux des petits commerçants qu'Amazon a préféré s'approvisionner à Rungis pour livrer ses fruits et légumes, plutôt que de passer par le réseau des détaillants de quartier.

"On passe pour des grincheux"

Si Amazon Prime Now agace Jean-Luc Gosse, celui-ci ne décolère pas non plus contre les responsables politiques accusés d'être "dans la réaction plutôt que l'anticipation". Du coup, comme les taxis face à Uber, "on passe pour des grincheux" qui s’opposent à une prétendue modernité technologique.

Car, selon lui, la question va au-delà d'un choc économique et culturel. Il en va de la "survie" des quartiers. "Les commerçants comme nous créent du lien social avec les riverains", rappelle-t-il. Si Prime Now fragilise davantage cette profession, il met en péril "l’un des socles de l’économie de quartier", tempête Jean-Luc Gosse.

Il est encore trop tôt pour savoir si ce système de livraison en une heure va faire davantage de mal aux petits commerces que les grandes surfaces. À Rome ou à Londres, ainsi que dans une quarantaine de villes où Prime Now existe, les petits commerçants n'ont pas encore succombé à l'ogre américain.

Mais n'est-ce plus qu’une question de temps ? En 2013, le cabinet irlandais de conseil aux détaillants WD Partners avaient publié un rapport baptisé "Amazon can't do that" (Amazon ne peut faire ça), dans lequel les auteurs affirmaient que les deux derniers avantages que les commerces de proximité avaient sur Amazon étaient "le plaisir de toucher le produit et la gratification instantanée". Trois ans plus tard, Prime Now permet de lever l'un des deux obstacles : celui de la gratification (quasi) instantanée de profiter presque tout de suite du produit acquis. Il ne resterait aux commerçants de quartier plus qu'une seule arme face à Amazon : permettre au consommateur de toucher avant d'acheter et d'en parler avec un vendeur. Un petit supplément d'âme qu'Amazon n'aura probablement jamais.

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