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ÉVASION FISCALE

"Panama papers", "Lux Leaks", "Swiss Leaks" : gros scandales, petits impacts sur les paradis fiscaux

Les révélations des "Panama Papers" sont, à ce jour, les plus importantes au sujet des paradis fiscaux. Mais rien ne dit qu’elles vont permettre de faire avancer la lutte contre l’évasion fiscale. Explications.

L'immeuble accueillant le siège du cabinet Mossack Fonseca au Panama.
L'immeuble accueillant le siège du cabinet Mossack Fonseca au Panama. Eduardo Grimaldo, AFP
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"Panama papers", "Lux Leaks", "Swiss Leaks" ou encore "Offshore Leaks". Depuis trois ans, le robinet n’en finit pas de fuir et de jeter une lumière crue sur les dessous de l’évasion fiscale. Qu’ils s’agisse des petits secrets bancaires ("Swiss Leaks"), de l’optimisation fiscale des multinationales ("Lux Leaks") ou de l’utilisation des sociétés écrans ("Offshore Leaks"), les informations ne manquent pas. Mais ce nouveau scandale, qui n’a pas encore livré tous ses secrets, fera-t-il plus que les précédentes affaires avancer la lutte contre l’évasion fiscale ?

La dernière livraison de révélations, publiée dimanche 3 avril par des médias du monde entier, concerne 11 millions de documents, implique plus de 140 personnalités politiques, économiques ou sportives de premier plan et expose les activités douteuses du cabinet panaméen d’avocats Mossack Fonseca spécialisé dans la création de sociétés qui apparaissent souvent n'être que des boîtes aux lettres.


Avancées "imparfaites et truffées de failles"

"De par la quantité des documents transmis et l’importance des personnalités citées – dont des dirigeants en exercice, les 'Panama papers' sont les révélations les plus importantes sur ces pratiques fiscales", confirme Markus Meinzer, analyste pour l’ONG de lutte contre l’évasion fiscale Tax Justice Network.

Mais tous les spécialistes contactés par France 24 font le même constat : les autorités peinent à tirer les conséquences de ces révélations. "Les scandales d’ampleur s’enchaînent, mais les mesures concrètes se font rares", résume Manon Aubry, spécialiste des questions d’évasion fiscale pour Oxfam, l’association de lutte contre les inégalités.

Il y a bien eu quelques tentatives d’avancées, mais elles sont toujours "imparfaites ou truffées de failles", souligne Markus Meinzer. Tove Ryding, spécialiste de l’évasion fiscale pour l’ONG européenne Eurodad (European Network on debt and development) fait le même constat. Elle cite le travail de l’OCDE, l’un des principaux organismes qui s’intéresse aux questions de lutte contre les paradis fiscaux. En 2015, cette organisation de coopération entre 27 États dits développés a introduit sa quatrième directive sur le blanchiment d’argent qui préconise des mesures pour empêcher la création de sociétés écran. Un objectif louable qui se heurte au fait "que le même texte ne s’attaque pas aux 'trusts'", ces entités de droit anglo-saxon qui permettent un haut niveau d’anonymat. À l’instar des sociétés écrans.

Réactions à chaud, mesure à long terme

Les révélations en cascade illustrent aussi l’inutilité de toutes les listes, noires, grises et autres, des pays fiscalement non-coopératifs. "Panama n’est même pas sur la liste française et n’est que sur la liste grise de l’OCDE !", s'indigne Manon Aubry, d’Oxfam. À la lumière des nouvelles informations, il est pourtant difficile de nier l'attrait évident que ce pays exerce sur ceux qui, légalement ou non, veulent mettre de l’argent à l’abri. "Cela prouve clairement le non-sens des critères retenus par les auteurs de ces listes", s'emporte Manon Aubry

Les "Panama papers" pourraient-ils devenir la goutte d'eau qui fera déborder le vase ? Le président français François Hollande a promis, lundi 4 avril, des enquêtes sur les personnalités françaises impliquées. En Islande, où le Premier ministre Sigmundur Davíð Gunnlaugsson est visé par les révélations, une manifestation doit avoir lieu cette semaine pour demander sa démission.

Autant de réactions à chaud qui ne garantissent pas pour autant l’adoption de mesures à plus long terme. Tove Ryding, d’Eurodad, est pessimiste : les "'Panama papers' révèlent des pratiques déjà mises en lumière par les 'Offshore Leaks' en 2013, qui n’ont pas été suivies de mesures concrètes".

Surtout, les dernières révélations démontrent à quel point "il peut y avoir un conflit d’intérêt entre ceux qui détiennent le pouvoir de changer le système et ceux – parfois les mêmes – qui en profitent", souligne Markus Meinzer, de Tax Justice Network.

Ces décideurs ou influenceurs n’ont donc aucun intérêt à renforcer la lutte contre les paradis fiscaux. Jusqu’au moment, estime Tove Ryding, où la contestation populaire ne se contentera plus de beaux discours.

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