Accéder au contenu principal
Découvertes

Isaiah Lopaz, l’artiste afro-américain qui imprime le racisme ordinaire sur des T-shirts

Isaiah Lopaz, un artiste afro-américain installé à Berlin depuis 2007, a pris l’initiative de dénoncer les remarques racistes qu’il endure en les affichant sur ses T-shirts, en noir sur blanc.

Isaiah Lopaz
Publicité

Le racisme ordinaire est un fléau dont on ne mesure pas toujours l’ampleur et l’impact. En témoigne l’histoire d’Isaiah Lopaz, jeune Afro-américain, artiste et écrivain, qui a décidé de raconter son quotidien fait de petites remarques et de questions xénophobes et ignorantes sur son Tumblr.

VOIR AUSSI : Dorothy Counts, 60 années de lutte pour les droits civiques à Charlotte aux États-Unis

À chaque remarque, son T-shirt

"À la base, je voulais créer une sorte de journal de mes expériences quotidiennes en tant que migrant noir venu des États-Unis, qui plus est gay pour aborder la question de la négrophobie", explique à Mashable FR, Isaiah Lopaz. Le jeune homme a eu l’idée d’imprimer chacune des remarques qui lui avaient été lancées sur des T-shirts blancs avant de les porter. Il prend ensuite la pose dans des quartiers de Berlin et publie les clichés sur son Tumblr "Him Noir", à travers un projet intitulé : "Ces choses que vous pouvez dire juste en le regardant".

Dans un entretien au New York Times, Isaiah Lopaz, qui a grandi à Los Angeles, explique notamment être confronté à la même question régulièrement : celle sur ses origines."Tu viens d’où vraiment ?", lui demandent ainsi la plupart des personnes qu'il côtoie. "Ils veulent que je réponde 'd’Afrique'. Mais pour plusieurs raisons, je ne peux pas leur répondre cela. D’abord, parce que je ne viens pas d’Afrique. Ensuite, c'est une question douloureuse car nous ne saurons jamais d'où nou venons", explique l'artiste. "J’ai bien sûr des ancêtres d’Afrique, mais cette question nie l’impact et la culture que nous, en tant que Noirs Américains, avons créés".

La remarque la plus douloureuse restera, pour lui, l’affirmation faite par une femme, directrice d’école, rencontrée dans un bar de la capitale allemande. "Vous n’avez pas de culture car vous êtes issus de l’esclavage", lui a laché la concernée après un débat sur l’identité des États-Unis.

Les dreadlocks et le cliché du dealer

À son arrivée à Berlin, Isaiah Lopaz portait des dreadlocks. Avec cette coupe, il raconte avoir été quasi-quotidiennement approché par des personnes qui le prenaient pour un dealer et lui demandaient comment se fournir en drogues. Las, le jeune homme a fini par se couper les cheveux.

"Il y a cette idée que les noirs sont des criminels, des délinquants"

Pour autant, les regards insistants et les automatismes ont continué. À l’instar de ceux qui, après un banal eye contact, se mettent à serrer leurs affaires personnelles, rapporte-t-il. "Il y a cette idée que les Noirs ne sont pas dignes de confiance, que les Noirs sont des criminels, des délinquants", affirme l’artiste pour justifier ces comportements.

Noir et gay

Dans la horde de clichés que l’artiste doit affronter, figure également celui relatif à sa sexualité. Isaiah est Noir et il est gay. Une orientation sexuelle qui surprend autour de lui à cause de sa couleur de peau, à en croire le jeune homme : "Il y a plusieurs évènements gay où il est décidé de ne pas jouer de musique hip-hop, car comme l’a précisé un agent : 'les hommes de ce milieu sont trop sexistes et agressifs'". Isaiah Lopaz, fatigué, a fini par ne plus fréquenter ces clubs.

"Il y a plein de situations au cours desquelles j'ai choisi de rester silencieux, le silence c'est parfois la seule option dont on dispose pour pouvoir continuer à payer son loyer ou nourrir sa famille", raconte à Mashable FR le jeune homme.

En lançant aujourd'hui son projet, il met sur les termes de "racisme ordinaire" ou "racisme systémique" des réalités bien concrètes. Chaque t-shirt porte une remarque et chacune d'entre elle raconte une histoire. Isaiah Lopaz ne souhaite pas s'arrêter là et compte bien élargir le débat au reste de l'Europe, à commencer par la France. "Je me rendrai bientôt à Paris pour rencontrer et discuter avec des citoyens français noirs et des immigrés sur leurs expériences de racisme anti-noir", promet l'artiste.

En attendant, toutes ces photos et d'autres travaux de l'artiste sont à retrouver ici.

Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

Emportez l'actualité internationale partout avec vous ! Téléchargez l'application France 24

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.