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TUNISIE

À Tunis, un "train fou" roule sans conducteur, la catastrophe évitée de justesse

Capture d'écran de la vidéo montrant le "train fou" à l'arrêt, à la suite de la coupure de courant.
Capture d'écran de la vidéo montrant le "train fou" à l'arrêt, à la suite de la coupure de courant.
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"Le train fou." C’est ainsi que les médias tunisiens ont évoqué cette histoire : le  conducteur d’un train est descendu pour un contrôle, quand soudain le train s’est remis à rouler automatiquement. Un incident qui aurait pu tourner à la catastrophe.

L’incident a eu lieu le jeudi 26 juillet dans la banlieue sud de Tunis. Wajdi Dhaoui, 27 ans, est responsable de production. Comme tous les jours, il a pris le train à 7 heures du matin depuis la gare centrale de Tunis pour se rendre au travail.

Vidéo filmée par notre Observateur Wajdi Dhaoui, juste après l'arrêt du "train fou".

"J’ai vu un enfant appeler sa mère en larmes et lui demander pardon à plusieurs reprises"

"Le voyage se déroulait normalement, mis à part un léger retard au départ de la gare centrale. Le train est arrivé à la gare d’Ezzahra [banlieue sud de Tunis, NDLR] aux alentours de 7 h 25. On a attendu un peu car il semblait y avoir un problème avec l’une des portes. Soudain, elles se sont toutes refermées et le train a démarré à toute vitesse. Nous avons d’abord été étonnés, mais c’est en passant la première gare sans nous y arrêter que nous avons réalisé qu’il y avait un problème.

Des passagers ont d’abord pensé que le conducteur avait peut-être fait un malaise. Ils ont essayé d’ouvrir la porte du wagon de tête, mais sans succès. D’autres ont alors commencé à dire qu’ils avaient vu le conducteur descendre à la station d’Ezzahra. Les gens ont commencé à paniquer, et notre peur s’est accentuée à mesure que les stations défilaient. Nous réalisions que nous étions prisonniers d’un train fou, sans aucun moyen de l’arrêter, bien que certains aient tenté de joindre les pompiers. J’ai vu un enfant appeler sa mère en larmes et lui demander pardon à plusieurs reprises, croyant sans doute que c’était la fin…

Peu après notre passage devant la huitième gare, nous avons ressenti une grande secousse. Nous avons cru que le train allait dérailler mais il s’est arrêté quelques secondes plus tard. Quand les portes se sont ouvertes, certains d’entre nous sommes allés vérifier du côté de la cabine de tête : il n’y avait effectivement personne.  

Lire aussi sur les Observateurs >> Vidéo : à Tunis, un usager de train passé à tabac, le service public pointé du doigt

Alertée par le fait que le train ne se soit arrêté à aucune station, la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) a procédé à une coupure de courant sur la voie concernée, afin de mettre fin à la course folle du train sans conducteur. Fort heureusement, aucune victime n’est à déplorer. Dans un communiqué, la SNCFT a déclaré que le conducteur était descendu vérifier l’état de fermeture des portes à la station d’Ezzahra sans prendre les mesures nécessaires pour arrêter complètement le train, qui a ensuite automatiquement redémarré. La société ferroviaire a également annoncé qu’une enquête serait ouverte afin de déterminer les circonstances exactes de l’incident.

De son côté, le ministre tunisien des Transports Radhouane Ayara a estimé que le conducteur avait commis "une grave erreur", mais que cela restait "un acte isolé".

Cependant, si cet incident demeure exceptionnel par sa gravité, la SNCFT a souvent été pointée du doigt ces dernières années en raison de la multiplication des accidents ferroviaires, qui ont coûté la vie à plusieurs personnes et fait plusieurs blessés. Une accusation de négligence que reprend à son compte Wajdi Dhaoui :

 

Peut-être que l’erreur du conducteur est due à son manque d’expérience, car j’ai entendu dire que c’était un jeune. Mais dans tous les cas, ce serait trop facile d’en faire le bouc-émissaire de cette affaire. Il était seul à bord, et il n’y avait aucun agent de la SNCFT dans le train, ni aucun moyen de le faire arrêter automatiquement. Nous étions livrés à nous-mêmes. D’ailleurs, il n’y avait ni ambulance ni pompiers lorsque le train s’est enfin arrêté. Je suis parti travailler à pied, comme si de rien n’était.

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