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FRANCE

Évasion "folle" de Redoine Faïd : "en dix minutes c’était plié", raconte un surveillant

Le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd s’est une nouvelle fois évadé de prison dimanche. Selon un délégué syndical contacté par France 24, des défaillances sécuritaires peuvent expliquer cette spectaculaire fuite en hélicoptère.

La prison de Réau, d'où s'est évadé Redoine Faïd le 1er juillet.
La prison de Réau, d'où s'est évadé Redoine Faïd le 1er juillet. Thomas Samson / AFP
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Au lendemain de l’évasion spectaculaire de Redoine Faïd, des questions se posent sur d’éventuelles failles sécuritaires. Comment le braqueur multirécidiviste, qui s’était déjà évadé de la prison de Sequedin (Nord) en avril 2013 à l'aide d'explosifs, a-t-il pu organiser cette fuite hors norme ? France 24 a posé la question à Martial Delabroye, représentant FO au centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne), où était emprisonné le voyou désormais en cavale.

Dimanche 1er juillet, en toute fin de matinée, un hélicoptère survole le mirador de la prison de Réau, puis reste en léger survol juste au-dessus de la cour d'honneur. Après avoir lâché des fumigènes dans la cour, deux hommes en descendent, scient une porte à la disqueuse, empruntent un couloir et libèrent Redoine Faïd du parloir où il se trouve avec son frère (celui-ci a depuis été placé en garde à vue). Embarqué à bord de l'hélicoptère qui se pose ensuite à Gonesse (Val-d'Oise), le malfaiteur prend la fuite en voiture.

"Collègues surpris et choqués"

"C’est une évasion folle, en dix minutes, c’était plié, raconte Martial Delabroye, arrivé sur place juste après les faits.Tous mes collègues ont été surpris et choqués, ils ont vu arriver l’hélicoptère depuis les miradors et ont donné l’alerte, mais quand ils ont vu descendre deux individus armés de Kalachnikovs, ils n’ont rien pu faire, n’étant équipés que de sifflets et de radios", poursuit-il.

Le syndicaliste dénonce les failles sécuritaires qui ont, selon lui, facilité cette évasion. "L’hélicoptère a pu descendre car il manque un filet anti-aérien pile à cet endroit. C’est le seul endroit où il n’y en a pas et c’est exactement au niveau des parloirs, ce qui est mal pensé !" Il estime que Redoine Faïd a pu demander à ses visiteurs de parloir de lui fournir des informations sur la configuration des lieux car cette partie de la cour est visible pour eux.

Repérage par drones ?

Martial Delabroye dénonce également le manque d’effectifs. "Être plus nombreux a un effet dissuasif pour ceux qui pourraient imaginer ce genre de projet", affirme-t-il. Au centre pénitentiaire de Réau, ouvert en 2011, il y a 826 places pour 673 détenus, supervisés par 250 surveillants.  "On est censés être 300, il faut en finir avec ce sous-effectif ", insiste-il.

"La situation n'est pas liée à une question de personnels", avait affirmé la veille Nicole Belloubet, précisant que cinq surveillants assuraient dimanche la sécurité au parloir. Elle avait également estimé que le "commando très bien préparé" avait "sans doute repéré les lieux par le biais de drones".

Redoine Faïd était évidemment très surveillé à la prison de Réau, où il a été incarcéré en novembre 2017. Le braqueur a quitté les lieux en février pour assister à son procès, mais a regagné sa cellule en avril dernier, à l’issue de celui-ci.

"On ne l’entendait pas"

"Il était à l’isolement, ce qui signifie qu’il ne croisait presque personne. Tous ses mouvements étaient accompagnés. Il n’y a qu’une fois au parloir qu’il pouvait demeurer seul avec son interlocuteur tandis que les surveillants restaient dans le couloir", détaille Martial Delabroye. Le surveillant décrit un détenu extrêmement discret : "On ne l’entendait pas, il ne faisait pas parler de lui. C’est le genre de détenu, quand on entend parler d’eux, il est trop tard".

Le fait qu’un autre prisonnier ait pu filmer une partie de l’évasion et diffuser la séquence grâce à un téléphone portable ne l’étonne guère. "Les détenus font entrer des téléphones relativement facilement, ils en ont pratiquent tous un, et à chaque fois qu'on procède à des fouilles, on trouve", explique-il, fataliste.

Nicole Belloubet a lancé une mission d"inspection" qui a débuté, lundi, dans l’établissement de Réau et "dira s'il y a eu une défaillance en terme de sécurité active ou passive".

Redoine Faïd, homme le plus recherché de France, est toujours en cavale. Quelque 2 900 policiers et gendarmes sont mobilisés, un signalement a été diffusé sur l'ensemble du territoire, et la Police aux frontières resserre les contrôles.

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