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FRANCE

Rescapée de l'Himalaya, l'alpiniste Elisabeth Revol dénonce la "lenteur" des secours pakistanais

Mensonges, prix des secours exorbitants… Elisabeth Revol, l'alpiniste française rescapée du Nanga Parbat où son compagnon de cordée polonais est mort, a dénoncé le manque de réactions des secours pakistanais dans l'opération de sauvetage.

AFP
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Une semaine après son retour de l'Himalaya, l'alpiniste française Élisabeth Revol a exprimé sa "colère", mercredi 7 février, contre la lenteur des secours pakistanais qui n'ont pas permis de sauver son compagnon de cordée polonais Tomasz Mackiewicz.

"J'ai beaucoup de colère, on aurait pu sauver ‘Tomek’ si ça avait été un réel secours, pris à temps et organisé", a déclaré la rescapée de Nanga Parbat, la "montagne tueuse" du Pakistan, lors d'une conférence de presse à Chamonix, dix jours après son sauvetage in extremis.

L’alpiniste est actuellement soignée intensivement à l'hôpital de Sallanches, en Haute-Savoie, pour tenter d'éviter une amputation, notamment du pied gauche, le plus atteint par les gelures.

Course contre la montre

Dans l'Himalaya et a fortiori en hiver, "le temps est précieux", un sauvetage "c'est une course contre la montre", a rappelé cette femme de 37 ans, les traits tirés. Là, soixante-trois heures se sont écoulées entre son message de détresse et son retour au camp de base.

À partir du 25 janvier, 23h10, heure pakistanaise, quand Élisabeth Revol envoie son SOS à son ami et routeur Ludovic Giambiasi, à son mari Jean-Christophe et à la femme de Tomek, Anna, une centaine de messages sont échangés – et certains perdus en route – avant que son appareil GPS ne s'éteigne. L'alpiniste ne sera tenue au courant que de l'essentiel, les consignes à suivre en fonction de son état et la progression des secours.

Des secours qui ont rencontré "des freins et des problèmes", a déploré Ludovic Giambiasi, qui a coordonné les bonnes volontés et les compétences internationales depuis Gap, en France. Parmi les plus regrettables, selon lui, il y a eu des "mensonges de certains Pakistanais" sur la "disponibilité, la réservation et les capacités des hélicoptères" à monter ou non chercher Tomek à plus de 7 000 m d'altitude, puis à chercher Élisabeth Revol, descendue jusqu'à 6 300 m par ses propres moyens, puis au camp de base avec l'aide des Polonais Denis Urubko et Adam Bielecki.

Une surenchère du coût des secours

Sans compter la surenchère sur les prix, "partis de 15 000 dollars et montés à 40 000" pour finalement être exigés "en cash sur la table" ; la lenteur de préparation des engins, "jamais prêts à décoller au lever du soleil" ; des "refus d'autorisations" et évidemment "la météo".

L'ambassade de France, investie dans la partie diplomatique, n'avait pas de liquide dans son coffre, celle de Pologne disposait de 30 000 dollars, "le reste, ce sont ses employés qui les ont donnés", a raconté Masha Gordon, alpiniste russo-britannique.

Celle qui a organisé le financement participatif en ligne de l'opération de sauvetage, a recensé 24 000 partages de l'appel sur Facebook, pour 157 000 euros collectés. Une fois remboursée la part avancée par la France (32 000 euros) – les Polonais offrent leur participation (43 000 euros) – le reliquat de 130 000 euros ira aux trois enfants de Tomek, âgés de 7, 8 et 9 ans.

Sa veuve Anna Antonina Solska, intervenue par téléphone devant la presse, a de nouveau exprimé à Élisabeth Revol sa "profonde gratitude" pour avoir guidé son mari jusqu'à la crevasse où elle l'a laissé à l'abri, persuadée qu'un hélicoptère viendrait le chercher. "J'espère que tu te sentiras mieux bientôt", lui a-t-elle dit.

"Pas simple dans la tête"

Mais outre ses séquelles physiques, l'alpiniste reconnaît que "dans la tête, ce n'est pas simple". Elle s'en veut de ne pas avoir "insisté" pour que Tomek mette ses lunettes dans l'ascension finale, convaincue que sa cécité survenue au sommet a tout déclenché "en cascade".

Mais pour le Dr Frédéric Champly, spécialiste des pathologies de très haute altitude, le Polonais a sans doute outrepassé ses capacités d'acclimatation et est "très probablement mort" d'un œdème pulmonaire contre lequel Élisabeth Revol ne pouvait rien.

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