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REPORTAGE

Attaque à Manhattan : "Cela ne doit pas gâcher Halloween"

correspondante à New York – À New York, le plus grave attentat terroriste qu’a connu la ville depuis le 11 septembre 2001 n’est pas une raison pour faire une croix sur la fête d’Halloween. La terreur n'a d'ailleurs pas gagné les habitants du quartier endeuillé. Reportage.

Des jeunes hommes déguisés pour Halloween à proximité du mémorial du 11-Septembre, le 31 octobre 2017.
Des jeunes hommes déguisés pour Halloween à proximité du mémorial du 11-Septembre, le 31 octobre 2017. Charlotte Oberti, France 24
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Un flot de lycéens se déverse dans les rues du sud-ouest de Manhattan, à New York, ce mardi 31 octobre. Nous sommes à deux pas de l’endroit où, quelques heures plus tôt, une camionnette a renversé plusieurs personnes sur une piste cyclable, faisant huit morts et 11 blessés. Au sein de ce périmètre survolé par des hélicoptères, ils se mêlent au personnel de secours médical attendant à côté de brancards d’hypothétiques victimes, aux officiers de police bouclant le secteur et à de nombreux journalistes.

Durant trois heures, ces jeunes ainsi que le personnel de leur lycée se sont barricadés dans l’établissement scolaire situé à proximité du drame, sur ordre des forces de l’ordre. À l’extérieur, le véhicule finissait sa course en s'écrasant contre un autocar scolaire et le conducteur, armé d'un pistolet à peinture et d'un fusil à plomb, était placé en détention.

Certains lycéens sont maintenant attendus de l’autre côté de la rue, par leurs parents au visage inquiet. Les autres sont enjoints par leurs professeurs à se rendre directement à la première station de métro pour "rentrer chez eux sans encombre". Beaucoup, pourtant, semblent avoir d’autres projets en tête en ce début de soirée.

"Je n’ai jamais raté un Halloween de ma vie. Je ne veux pas que cet événement gâche l’esprit de cette fête", indique Aren, 17 ans, vêtu d’un costume d’éléphant. "C’était terrifiant dans l’école. On ne savait pas ce qu’il se passait et les professeurs non plus", ajoute-t-il toutefois, parlant de "chaos". À ses côtés, sa camarade Sachi garde le silence.

Aren et Sachi, 17 ans, sont restés enfermés dans leur lycée pendant trois heures, sur ordre des forces de l'ordre.
Aren et Sachi, 17 ans, sont restés enfermés dans leur lycée pendant trois heures, sur ordre des forces de l'ordre. Charlotte Oberti, France 24

"On n’a pas du tout peur"

Si l’attaque a été qualifiée d’acte terroriste par les autorités, force est de constater que la ville est loin d’avoir cédé à une quelconque terreur. Des familles déguisées des pieds à la tête marchent le long des camions de chaînes de télévision, garés en nombre dans les rues pour couvrir l'événement, sans y prêter attention. Enfants aux costumes de sorcières ou super-héros, adolescents aux masques de monstres, tous arborent la même excitation.

M. et V., deux jeunes filles du quartier qui n’ont pas souhaité donner leur nom, ont quant à elles hâte d’enfiler leur tenue de soirée. Elles marchent près du lieu du drame d’un pas pressé. Pour elles, cet attentat est source de colère et de frustration. "Je ne peux pas rentrer chez moi, le quartier est bouclé, et je ne veux pas rater la quête d’Halloween", peste M.

Les deux amies balaient d’un revers de la main l’éventualité d’être effrayées. "On n’a pas du tout peur. Ma grand-mère a l’habitude de dire que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit", ajoute V.

Des ambulanciers attendent d'éventuelles victimes avec des brancards.
Des ambulanciers attendent d'éventuelles victimes avec des brancards. Charlotte Oberti, France 24

Pourtant, le quartier endeuillé a déjà été lourdement frappé par la violence terroriste. À quelques pâtés de maison se tiennent les deux gigantesques bassins qui symbolisent l’ancien emplacement du World Trade Center, détruit lors de l’attentat du 11 septembre 2001.

"En ce qui me concerne, je suis trop jeune pour me souvenir du 11-Septembre, affirme V., 17 ans, mais ma grand-mère m’a dit que l’attaque d’aujourd’hui avait réveillé chez elle les mêmes émotions…"

"Brisée"

Donna Wiederkehr, une habitante des environs, refuse pour sa part de dévoiler son âge. A priori, elle était toutefois déjà née lorsque les avions ont percuté les tours jumelles emblématiques de la ville. "Je me sens brisée ce soir, pour la ville, pour les gens et pour le pays. Ce qui se passe est réel", lance-t-elle, le regard au loin.

Toutefois, cette New-Yorkaise affirme elle aussi que le drame n’aura pas d’impact concret sur ses habitudes : "Je me déplace à vélo, je roule souvent sur la piste cyclable sur laquelle la camionnette a foncé, et je continuerai."

Des lycéens déguisés pour Halloween sont rassemblés à l'extérieur d'un restaurant, dans le quartier de Manhattan où a eu lieu l'attentat.
Des lycéens déguisés pour Halloween sont rassemblés à l'extérieur d'un restaurant, dans le quartier de Manhattan où a eu lieu l'attentat. Charlotte Oberti, France 24

"Nous sommes des New-Yorkais, résume pour sa part une autre femme, qui garde les yeux rivés sur son téléphone et qui souhaite garder l’anonymat. Pour nous, la vie continue quoi qu’il arrive." À sa droite, sa fille Simone, 23 ans, commente : "C’est tragique mais de toute façon, il y a toujours des gens qui se font tirer dessus. L’acte a été qualifié de terroriste mais qu’est-ce que cela veut dire, en fait ?"

Les deux habitantes de cette partie très touristique de Manhattan ont des cornes de diable et des oreilles de lapin sur la tête. "On est trop vieilles pour la quête d’Halloween mais ce soir, si on va manger chez Chipotle [une chaîne de restaurants mexicains, NDLR] avec un déguisement, le menu est seulement à trois dollars, alors on va y aller", explique Simone, avec un sourire.

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