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MOYEN-ORIENT

Neymar : un coup de com’ pour le Qatar et un pied de nez à ses adversaires arabes

En pilotant l'arrivée du footballeur brésilien Neymar au Paris Saint-Germain, le Qatar signe un acte de défi envers ses puissants voisins, qui tentent de l'isoler depuis deux mois, et accroît sa visibilité mondiale, son "soft power", via le sport.

Le Brésilien Neymar, sous le maillot de son ancien club, le FC Barcelone.
Le Brésilien Neymar, sous le maillot de son ancien club, le FC Barcelone. Lluis Gene, AFP
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L'arrivée de Neymar au PSG constitue indéniablement un "coup de com" pour le Qatar à un moment particulièrement délicat pour lui alors que ses adversaires arabes tentent de l'isoler depuis deux mois. Le transfert de Neymar au PSG – propriété du Qatar – "a été piloté en haut lieu au Qatar et a servi surtout à déployer une stratégie de communication qui occulte dans la durée le débat sur tout autre question, notamment celle du soutien au terrorisme", juge ainsi Mathieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à Paris dans un entretien à l’AFP. "Cela a permis de détourner l'attention et de la focaliser sur un thème consensuel, le sport", ajoute-t-il.

Le transfert de Neymar apparaît aussi comme un acte de défi envers l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Le 5 juin, ces deux pays ainsi que Bahreïn et l'Égypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar et lui ont imposé des sanctions économiques en l'accusant d'entretenir des liens avec des groupes extrémistes et de ne pas prendre assez de distance avec l'Iran. Une campagne quotidienne visant à isoler Doha sur la scène arabe et bien au-delà a suivi. De son côté, le Qatar a rejeté en bloc toutes les accusations, affirmant que ses adversaires cherchaient à placer sa politique étrangère "sous tutelle".

"Briser l'isolement politique du Qatar"

Petit mais richissime émirat gazier, le Qatar qui compte 2,6 millions d'habitants joue un rôle grandissant depuis une vingtaine d'années dans plusieurs conflits et dossiers sensibles du monde arabe. Mais il a aussi développé une stratégie d'influence via de gigantesques investissements internationaux dans l'immobilier, l'hôtellerie, l'industrie, le transport aérien, la finance, les médias et le sport. Les principaux symboles de ce "soft power" sont les chaînes de télévision Al-Jazeera et BeIn Sports, sans parler de Qatar Airways qui était jusqu'à la dernière saison le sponsor maillot du FC Barcelone. Le Qatar poursuit aussi les préparatifs pour organiser la Coupe du monde de football en 2022, malgré d'innombrables polémiques.

Dans un discours le 21 juillet, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a lui-même insisté sur la nécessité de développer le "’soft power’ au niveau international" avec la participation de "la meilleure expertise nationale, arabe et étrangère".

L'arrivée de Neymar au PSG arrive donc à point nommé pour le Qatar. "Pour le moment, les adversaires du Qatar sont paralysés face à cette stratégie de contournement parce qu'aucun d'eux ne possède un levier de communication aussi puissant dans le domaine du sport international", explique Mathieu Guidère. "Depuis plusieurs jours, personne ne parle plus de l'image négative mais seulement du transfert de Neymar. En Occident, l'idée du sport l'emporte sur le reste également. Il est clair que le sport sert ici à briser l'isolement politique du Qatar".

Avec AFP

 

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