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Découvertes

Un remède aux attaques chimiques pourrait être trouvé dans des "cristaux de l'espace"

À bord de l'ISS, des scientifiques s'affairent depuis le mois de juin à cultiver des "cristaux de protéines". Ces derniers pourraient permettre de développer un médicament pour combattre les effets de l'un des agents neurotoxiques les plus répandus.

Des médecins syriens formés aux gestes destinés à secourir les personnes victimes d'attaques chimiques, à Gaziantep en Turquie, le 20 juillet 2017.
Des médecins syriens formés aux gestes destinés à secourir les personnes victimes d'attaques chimiques, à Gaziantep en Turquie, le 20 juillet 2017. REUTERS/Murad Sezer
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Pulvérisés directement sur l’homme, l’insecte ou l'animal, certains gaz toxiques et pesticides ont en commun d’assaillir le système nerveux pour provoquer, en quelques minutes seulement, la paralysie et la mort. À l’heure où les attaques chimiques en Syrie ont fait des milliers de victimes, à quelques centaines de kilomètres de la Terre, des scientifiques réfléchissent à un antidote depuis l’espace.

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Comme le raconte Motherboard ce lundi, une nouvelle expérimentation en partenariat avec le laboratoire national d'Oak Ridge, dans le Tennessee, a débuté en juin dernier à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Depuis deux mois, des chercheurs y font "pousser" des cristaux dans l’espoir de développer un remède contre l’empoisonnement par gaz de combat et pesticides.

Les organophosphorés en ligne de mire

Les organophosphorés se retrouvent entre autres dans le gaz sarin, le gaz VX ou encore le chlorpyrifos

En médecine, le processus de cristallisation est en effet utilisé pour étudier la structure des protéines ainsi que leurs fonctions en vue de développer in fine de nouveaux médicaments. Les cristaux actuellement cultivés sur l’ISS sont, eux, composés d’acétylcholinestérase, un enzyme naturellement présent chez l’homme au niveau du système nerveux. C’est à cet enzyme que les composés dits organophosphorés s’attaquent pour paralyser leurs victimes.

Regroupant des insecticides, des herbicides, des gaz lacrymogènes et neurotoxiques, les organophosphorés se retrouvent entre autres dans le gaz sarin, le gaz VX ou encore le chlorpyrifos, récemment autorisé par l’administration américaine malgré ses effets sur le cerveau avérés. "Des centaines de milliers de personnes meurent chaque année d'empoisonnement aux organophosphorés", explique ainsi Andrew Kovalevsky, chercheur au laboratoire national d'Oak Ridge, dans une vidéo publiée sur YouTube au début du mois de juillet.

Pourquoi dans l’espace ?

Pratiquée dans l'espace, la culture des cristaux présente plusieurs avantages : grâce à la microgravité, les cristaux atteignent une taille plus importante et uniforme que lorsqu'ils sont cultivés sur Terre. Leur propriétés s’en retrouvent renforcées et l’étude des protéines concernées facilitée.

Grâce à la microgravité, les cristaux atteignent une taille plus importante que lorsqu'ils sont cultivés sur Terre

Lorsque la culture des cristaux d'acétylcholinestérase sera achevée, ces derniers seront renvoyés sur Terre pour être analysés par les scientifiques du laboratoire d'Oak Ridge. En identifiant comment l’enzyme d'acétylcholinestérase réagit aux organophosphates, les scientifiques tenteront de développer un médicament capable de rompre les liaisons entre les organophosphorés et le système nerveux. "Une fois que nous aurons déterminé la structure de cette protéine, nous pourrons créer de meilleur antidotes plus réactifs", assure Andrew Kovalevsky.

Est-ce vraiment prometteur ? Il faudra bien sûr attendre encore plusieurs années avant de voir apparaître un médicament conçu depuis l'espace et capable de protéger l’homme des armes chimiques. Mais les chercheurs promettent que la conception d'éventuels remèdes s’en retrouvera accélérée. Jusqu’à présent, les cristaux cultivés depuis la Station spatiale internationale ont déjà été utilisés pour étudier la maladie d’Huntington, la dystrophie musculaire ou même le cancer. Si la Russie a récemment annoncé avoir identifié grâce à cette technique un remède contre toutes les tumeurs malignes, aucun médicament n’a pour l’heure été commercialisé.

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