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Découvertes

Des chefs d'entreprise australiens se sont mis dans la peau d’un sans-abri... avec un casque de réalité virtuelle

Un événement caritatif organisé à Sydney pour sensibiliser à la précarité a créé la polémique. En cause ? L’utilisation de la réalité virtuelle pour faire vivre le quotidien des sans-abri à des chefs d'entreprise.

ullstein bild / Contributeur, Getty images/ CEO Sleepout
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Tout était parti d’une bonne intention. Jeudi 22 juin, les dirigeants des plus grandes entreprises australiennes étaient rassemblés à Sydney par la Société de Saint-Vincent-de-Paul à l’occasion du Vinnies CEO Sleepout, un évènement organisé annuellement pour sensibiliser à la précarité. Objectif : permettre aux chefs d’entreprise de vivre le temps d’une nuit le quotidien des sans-abri.

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Pour la peine, les patrons ont donc passé la nuit sur un terrain de criquet, emmitouflés dans un sac de couchage à 200 dollars. "Il n’y avait pas de sentiment de désespoir, de violence ou d’isolement, mais l’expérience a été frappante", explique dans une tribune JJ Eastwood, directeur du HuffPost Australia qui a participé à l'événement CEO Sleepout. "J'avais honte de me confronter à une réalité que la plupart de la société a déshumanisé en faisant passer les sans-abri pour des drogués, des alcooliques et des malades mentaux."

Une "déconnexion totale"

On pourrait se dire qu'il est louable que ce type de manifestation soit organisé pour engendrer des prises de conscience. Sauf que cette année, la communication autour de la nuit passée à l’extérieur a été complètement occultée. La faute à une vidéo diffusée sur le compte Twitter de CEO Sleepout. On y voit une rangée d'hommes d’affaires, chacun équipé d’un casque de réalité virtuelle pour, nous dit le tweet, "avoir un aperçu" des réalités auxquelles sont confrontés ceux qui vivent dans la précarité tous les jours.

Vivre la pauvreté en réalité virtuelle ? La scène semble absurde, maladroite et malvenue, alors forcément, les réactions sur les réseaux sociaux n’ont pas tardé à pleuvoir. Quasi unanimes, les internautes australiens ont dénoncé une situation dystopique.

"Vous auriez dû aller voir directement là où les gens pauvres vivent."

"Oui ! Vive le froid virtuel, la violence virtuelle, la faim virtuelle, les maladies non traitées virtuelles, le désespoir virtuel…"

"Ça ne vaut que si vous les mettez nu et les lâchez dehors sans papiers et sans ressources mais avec ce casque sur la tête."

"Un super nouveau jeu."

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Pour Anne-Marie Elias, cofondatrice de Techfugees Australie, une association rassemblant des acteurs tech désireux d’aider les réfugiés, le recours à ces casques de réalité virtuelle témoigne de la déconnexion totale des organisateurs et des dirigeants d'entreprises face aux problèmes auxquels sont confrontés les sans-abri. "À moins qu’ils ne se soient retrouvés tout en haut d’une montagne, sans pouvoir contacter des sans-abri, ils auraient dû passer leur temps avec des vraies personnes qui vivent dans la rue", assure-t-elle au site Smart Compagny.

"Ils auraient dû passer leur temps avec des vraies personnes"

Pour se défendre, CEO Sleepout a répondu sur Twitter en précisant que cette utilisation de la VR n’était qu’un élément parmi d’autres de la soirée, qui plus est intégralement sponsorisé. "Tous les dons ont été reversés au service d’aide des sans abri de la Société de Saint-Vincent-de-Paul", explique CEO Sleepout. L’événement a en effet permis de récolter pour l'heure l'équivalent de plus de 5 271 075 euros grâce à 1 477 chefs d’entreprises et plus de 36 000 autres donateurs.

Quant à savoir exactement ce que les dirigeants d’entreprises pouvaient bien être en train de regarder en réalité virtuelle, on a peut-être une piste. CEO Sleepout a en effet diffusé une vidéo 360° sur YouTube intitulée : "Pendant que vous dormez."

Organisé depuis 2006, CEO Sleepout avait déjà créé la polémique l'année dernière lorsqu'un groupe de sans-abri s'était invité dans le parc public où devait avoir lieu l'évènement et accusait ses participants de ne pas comprendre ce que signifiait vraiment l'extrême pauvreté.

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