Accéder au contenu principal
Découvertes

Macron à la Rotonde : pourquoi la comparaison n'a rien à voir avec Sarkozy au Fouquet’s

Ce n’était pas les mêmes prix, ni les mêmes invités. Aller au restaurant au soir d’une bataille gagnée est-il un crime?

Yves Lorson Flickr via Wikipedia
Publicité

C’était la fête à La Rotonde, ce dimanche 23 avril au soir, après les résultats du premier tour. Emmanuel Macron, tout auréolé de sa première bataille gagnée, a convié dans cette brasserie de Montparnasse son équipe et ses proches. Des images qui ont rappelé à certains la soirée au Fouquet’s organisée par Nicolas Sarkozy, le 6 mai 2007, juste après sa victoire. "Emmanuel, si je peux me permettre, les images de toi là au restau avec tes potes, c'est pas terrible", tance familièrement la chroniqueuse de Slate.fr, Titiou Lecocq. "La Rotonde is the new Fouquet's”, critique le rédacteur en chef adjoint de Politis, Michel Soudais. "Macron en train de faire la fête à la Rotonde. Attention : ne pas oublier le Fouquet's!", écrit aussi la correspondante à Washington de France Télévisions, quand le filloniste David Lisnard parle d’un "mauvais signal".

VOIR AUSSI : Le hold-up d’Emmanuel Macron, le banquier qui a réussi à incarner le "dégagisme"

On peut ne pas être en pamoison devant Emmanuel Macron, percevoir la supercherie qu’il y a dans le packaging de papier glacé et de high-tech qu’il nous vend alors qu’il a été l’artisan de la politique de François Hollande, dont le parti est aujourd’hui remisé au rang des vieilleries du siècle, tout en étant juste avec lui, et en évitant de plaquer trop facilement des images du passé.

Des prix différents

D’abord, La Rotonde et le Fouquet’s n’ont rien à voir en termes de prix. Quand le premier propose un menu entrée/plat/dessert à 46 euros, le deuxième (que l'établissement nous a envoyé) démarre à 90 euros. Le double, en somme :

Sur place, Emmanuel Macron y aurait mangé "des asperges et du jambon" et bu du vin rouge, a indiqué une journaliste du Point présente sur place.

Des invités différents

Mais aussi et surtout, les invités n’ont rien à voir : au Fouquet's en 2007, il y avait, faut-il le rappeler, toute une brochette de grands patrons : Bernard Arnault, président de LVMH ; Martin Bouygues, PDG de Bouygues, premier actionnaire de TF1; Vincent Bolloré, PDG d’Havas, sixième groupe de communication mondial ; Serge Dassault, PDG de Dassault et du journal Le Figaro, sénateur UMP ; François Pinault, homme d'affaires et collectionneur, 77e fortune mondiale en 2010 ; Henri Proglio, PDG de Veolia, ex-Compagnie générale des eaux… C’est cette concentration de grandes fortunes et de dirigeants qui choquait, car elle suggérait que Nicolas Sarkozy était l’ami des puissants, et que sa victoire allait offrir un boulevard aux intérêts du capitalisme triomphant.

À la Rotonde, le public est tout de même différent. Parmi les têtes connues on pouvait y croiser l'actrice Line Renaud et l'acteur Pierre Arditi, l'animateur Stéphane Bern, l'écrivain Erik Orsenna, l'architecte Roland Castro et l'ex-député européen Daniel Cohn-Bendit. Mais nul grand patron du CAC 40. Il y avait bien Jacques Attali, qui a conseillé beaucoup de présidents et dirige aujourd’hui le groupe Positive Planet. Mais Attali n’est pas Bernard Arnault, ni François Pinault. Il y avait en vérité à La Rotonde surtout l’équipe rapprochée d’Emmanuel Macron, comme il l’a lui-même rappelé : "Je crois qu'au Fouquet's, il y a pas beaucoup de secrétaires, pas beaucoup d'officiers de sécurité, vous avez vu qui était ici à table".

[scald=44095:article_details {"additionalClasses":""}]

Indigne de faire la fête quand on a gagné une bataille ?

Pour certains, il était tout simplement indigne de faire la fête après avoir gagné une bataille, parce que la guerre n’est pas gagnée, et que Marine Le Pen est au second tour, comme l’a dit le secrétaire national d'EELV David Cormand :

Il eût fallu à la place pleurer un peu devant les caméras sur le score élevé du Front national, renvoyer chez eux tous les collaborateurs et rentrer tranquillement dans ses pénates, en faisant une prière pour la France. Telle est un peu la vision austère qui semble pointer derrière les critiques qui trouvent indigne d’aller au restaurant un soir où l’on a gagné une bataille. Et l’on peut s’en désoler, mais Emmanuel Macron a incontestablement gagné une bataille.

La Rotonde est plutôt le signe que Macron est dans les pas de Hollande

En réalité, la Rotonde est bien un symbole, mais pas forcément de ce que l’on croit. Il faut chercher la filiation, l’analogie ailleurs, sur un plan plus proche de l’échiquier politique. Plutôt qu’un remake du Fouquet’s, elle est surtout le signe qu’Emmanuel Macron continue de mettre ses pas dans ceux de son mentor, François Hollande. Car c’est ici même que le candidat d’En marche! avait tenu entre 2011 et 2012 des réunions avec des économistes pro-Hollande, rappelle le journaliste de Marianne Marc Endeweld.

Les anecdotes rappelant qu’Emmanuel Macron a évolué pendant des années dans un milieu très aisé ne manquent pas, comme sa réplique sur le "costard" ou les "illettrées" de Gad. Les angles d’attaque concernant sa politique, qui n’a pas fait baisser réellement le chômage par exemple, ne manquent pas non plus. Inutile d’en inventer là où il n’y en a pas….

Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

Emportez l'actualité internationale partout avec vous ! Téléchargez l'application France 24

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.