Accéder au contenu principal
HISTOIRE

L'Autriche va raser la maison natale d'Adolf Hitler

Les autorités autrichiennes sont embarrassées à plus d'un titre par la maison natale d'Adolf Hitler : elle est non-seulement un lieu de pèlerinage néonazi, mais aussi le sujet d'un conflit avec la propriétaire des lieux.

Des manifestants anti-nazis se rassemblent le 18 avril 2015 devant la demeure où Adolf Hitler était né en 1889.
Des manifestants anti-nazis se rassemblent le 18 avril 2015 devant la demeure où Adolf Hitler était né en 1889. Joe Klamar, AFP
Publicité

Une dalle en pierre en mémoire des victimes du nazisme est installée devant la maison natale d’Adolf Hitler, au 15, rue Salzburger Vorstadt, dans la petite ville Braunau-am-Inn, dans le nord du pays, à la frontière allemande. On peut y lire : "Pour la paix, la liberté et la démocratie. Plus jamais de fascisme : des millions de morts nous le rappellent." La maison, elle, est devenue un lieu de pèlerinage néonazi, tout comme des rassemblements antifascistes. L’État autrichien a décidé de raser cette maison, faute de conciliation possible avec son insaisissable propriétaire.

"La maison d'Hitler va être détruite. Les fondations pourront être conservées mais un nouveau bâtiment sera érigé", a tranché le ministre de l'Intérieur Wolfgang Sobotka, dans une interview au quotidien autrichien Die Presse. Le nouvelle construction aura un usage "administratif ou éducatif".

Procédure d'expropriation

Vienne entend ainsi mettre fin à plusieurs années de bataille juridique et de débats sur le sort de cet encombrant héritage dans un pays où, contrairement à l'Allemagne, le travail de mémoire sur la période nazie a été entamé tardivement.

Avant de voir tomber la façade jaune de la grosse bâtisse où Hitler est né le 20 avril 1889 et où il a vécu trois ans, le gouvernement autrichien va devoir mener à terme la procédure d'expropriation à laquelle il s'est résolu, faute de conciliation avec la propriétaire, Gerlinde Pommer. Celle-ci observe depuis plusieurs années un silence médiatique absolu, et ne s'est jamais exprimée publiquement sur son litige avec l'État. Sa famille possède les lieux depuis plus d'un siècle, hormis une courte interruption pendant la période nazie où elle avait vendu la maison natale du dirigeant nazi à Martin Bormann, éminence grise d'Hitler.

Bataille juridique avec la propriétaire

En 1972, l'État autrichien, déjà soucieux d'éviter toute commémoration neonazie autour du lieu, avait signé avec Gerlinde Pommer un bail stipulant que le bâtiment ne pouvait servir qu'à des usages socio-éducatifs ou administratifs. C'est ainsi que la "maison d'Hitler", comme on l'appelle, a été durant plusieurs décennies un centre d'accueil pour personnes handicapées — une catégorie de la population qui avait été victime du régime nazi.

Locataire depuis près de 45 ans, pour un montant actuel de 4 800 par mois, l'État autrichien a vu ce coûteux accord prendre fin devant le refus de Gerlinde Pommer d'accepter des travaux de remise aux normes indispensables.

Depuis 2011, l'administration publique s'acquitte ainsi des frais d'un bâtiment vide et a fini par perdre patience. Un projet de loi d'expropriation a été formulé en juillet afin que l'État autrichien récupère ce bien et en dispose à sa guise. Le ministère de l'Intérieur espère un vote du parlement d'ici la fin de l'année.

Le ministre avait affirmé à de multiples reprises qu'il souhaitait voir disparaître "la maison d'Hitler", mettant en doute la légitimité de son classement architectural qui remonte à l'époque nazie, après l'annexion de l'Autriche par le IIIe Reich d'Hitler en 1938.

Des historiens avaient suggéré d'en faire en lieu de mémoire éducatif, d'autres avaient au contraire plaidé pour sa dépolitisation complète, proposant même de le transformer en "supermarché" ou en "caserne de pompiers" devant lesquels personne n'aurait idée de se prendre en photo.

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

Emportez l'actualité internationale partout avec vous ! Téléchargez l'application France 24

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.