Accéder au contenu principal
GASTRONOMIE

Le Guide Michelin débarque à Washington

correspondante à Washington – L'emblématique guide gastronomique français célèbre ses débuts dans la capitale américaine. Une manière de mettre en avant une nouvelle scène culinaire dans un pays réputé pour sa malbouffe, mais aussi de préserver des intérêts économiques.

Les chefs distingués sont récompensés à la résidence de l'ambassadeur de France, Gérard Araud (à gauche), jeudi 13 octobre 2016 à Washington.
Les chefs distingués sont récompensés à la résidence de l'ambassadeur de France, Gérard Araud (à gauche), jeudi 13 octobre 2016 à Washington. Mathieu Derrien
Publicité

Les chefs de Washington s’accrochaient à leurs toques depuis plusieurs mois. Le guide Michelin a enfin dévoilé, jeudi 13 octobre, sa nouvelle édition dans la capitale américaine. Après New York, Chicago et San Francisco, le prestigieux guide gastronomique, "pilier de la civilisation française", comme l’a dit en plaisantant l’ambassadeur français Gérard Araud, continue d’explorer les États-Unis. De quoi clouer le bec à ceux qui estiment encore que le pays de l’oncle Sam n’est bon qu’à préparer des burgers.

Ce nouveau guide rouge est plus petit que les autres, à l’image de la taille de Washington, 600 000 habitants. Pour noter les restaurants de la ville, les inspecteurs, anonymes, sont arrivés à l’automne dernier. Dix experts gastronomiques, salariés de Michelin, originaires des États-Unis ou d’ailleurs, ont testé au total 300 repas. Les plats sont jaugés sur cinq critères : la constance de la prestation, la qualité des produits, la maîtrise des cuissons et des saveurs, la personnalité du chef dans ses plats et le rapport qualité-prix.

"Michelin, c'est l'étape supérieure"

Seuls 12 restaurants ont été distingués, et parmi eux, aucun n’a obtenu la récompense suprême de trois "macarons". Une déception qui n’empêche pas une certaine fierté. "C’est très important pour les chefs, c’est une forme de validation de leur carrière, estime Maura Judkis, journaliste gastronomique au Washington Post. Ces huit dernières années, le paysage culinaire a vraiment changé, avec beaucoup de restaurants de quartiers très innovants qui ont obtenu des prix. Michelin, c’est l’étape supérieure." Le chef José Andres, l’un des plus connus de Washington, a ainsi explosé de joie sur Twitter en apprenant que son très chic "Minibar" avait obtenu deux étoiles.

Comment le Michelin choisit-il de s’intéresser à une ville ou à un pays ? C’est un travail de longue haleine, qui prend souvent des années, explique Élisabeth Boucher-Anselin, responsable presse de Michelin en visite à Washington. "Cela peut-être par des voyages, par des échos lus dans la presse ou entendus dans la bouche d’autres chefs." Washington a été remarquée par Michelin depuis cinq ans, d’après Michael Ellis, directeur international des guides Michelin, qui salue des "chefs locaux qui ont voyagé et sont revenus avec des techniques différentes dans des quartiers qui ne payent pas de mine à première vue". Plus globalement, c'est la "mid-Atlantic cuisine" qui est récompensée. "Cette cuisine fait une grande place aux produits régionaux et saisonniers, comme les fruits de mer, notamment les crabes et les huîtres", explique Maura Judkis.

Barack Obama et le renouveau gastronomique

Ce renouveau de la scène gastronomique a coïncidé avec l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. "De nombreux jeunes qui sont arrivés pour travailler dans son administration se sont installés au cœur de Washington plutôt qu’en banlieue. Cela a contribué à rendre la ville bien plus cool !", confirme Maura Judkis. Finis les bâtiments gris et les "steakhouses" ennuyeux, place aux petits restaurants de chefs formés par les plus grands, dans des quartiers branchés. Il n’est donc pas étonnant que Michelin ait fini par se pencher sur cette ville très touristique.

Mais il y a une autre raison, pas négligeable. Pour la comprendre, il faut remonter à la création même des Guides Michelin au début du XXe siècle. Il s’agissait alors d’encourager les clients à prendre la route pour découvrir des restaurants… afin de vendre des pneus. La motivation n’a pas changé, et, dans le cas de la capitale fédérale, s’ajoute la possibilité d’être au plus près des régulateurs économiques américains.

D’où l’accueil un peu froid réservé par certains commentateurs, qui n’ont pas apprécié la sélection de Michelin et lui préfèrent d’autres classements locaux. "Certes, les jet-setters auront une nouvelle palette de restaurants à cocher sur leur liste. Mais les locaux ne découvriront rien de plus que ce qu’ils connaissent déjà", écrit une journaliste locale, très remontée contre ce "guide émanant d’un fabricant de pneus", et qui s’inquiète déjà d’une hausse des prix dans les établissements distingués. Pour Maura Judkis, Michelin aux États-Unis est surtout important pour les chefs et pour les gourmets les plus aisés. "Le reste de la population continuera d’aller sur TripAdvisor ou sur Yelp pour chercher un restaurant où passer la soirée."

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine

Emportez l'actualité internationale partout avec vous ! Téléchargez l'application France 24

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.