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IRAK

Le Pentagone aurait dépensé plus d’un demi-milliard de dollars pour produire de fausses vidéos jihadistes

Selon un collectif britannique de journalistes, le Pentagone aurait dépensé plus de 540 millions de dollars entre 2006 et 2011, dans le cadre d’une campagne de propagande en Irak, qui comprenait la réalisation de fausses vidéos jihadistes.

Un membre présumé d'al-Qaïda en Irak aux mains de soldats de l'armée américaine en 2008 (archives).
Un membre présumé d'al-Qaïda en Irak aux mains de soldats de l'armée américaine en 2008 (archives). David Furst, AFP
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Plus d’un demi-milliard de dollars pour des fausses vidéos jihadistes. Selon les enquêteurs du Bureau of Investigative Journalism, un collectif britannique de journalistes, le Pentagone aurait dépensé cette somme astronomique entre 2006 et 2011, dans le cadre d’une guerre de communication menée en Irak.

C’est la célèbre société britannique de communication et de relations publiques Bell Pottinger, à la réputation sulfureuse, qui a bénéficié des largesses américaines (120 millions de dollars par an) pour produire les contenus de ce programme de propagande classé "top secret".

Un ancien salarié de l’entreprise, Martin Wells, a révélé aux Bureau of Investigative Journalism, les dessous de cette campagne, qui ont été publiés dimanche 2 octobre par The Daily Beast et le Sunday Times.

Pistage par CDs espions

Le réalisateur de vidéos a ainsi expliqué que la société, qui était chargée officiellement en 2004 de "promouvoir les élections démocratiques" en Irak, a en réalité produit plusieurs types de contenus supervisés par des militaires américains.

Outre des clips publicitaires anti-Al-Qaïda (la nébuleuse était en première ligne de l'insurrection contre la présence américaine en Irak), il affirme que des reportages vidéos ont été produits et montés de manière à faire croire qu’il s’agissait "de productions de télévisions arabes". Ils étaient destinés à être vendus puis diffusés localement et régionalement par des chaînes arabes, sans préciser que l’armée américaine était en réalité le commanditaire des productions.

Enfin, et c’est selon lui la partie la plus "sensible" du programme, la société Bell Pottinger, qui a employé jusqu’ à 300 personnes en Irak, aurait également fabriqué de fausses vidéos de propagande siglées Al-Qaïda, dans l’unique but de piéger et de traquer les personnes qui les auraient visionnées.

Car les vidéos, gravés sur des CDs, étaient encodées de manière à ce qu’elles soient obligatoirement connectées à Internet lors du visionnage, et ce, afin de localiser l’ordinateur utilisé grâce à son adresse IP, via Google Analytics. Il a notamment précisé que les fausses vidéos jihadistes étaient abandonnées par les forces américaines lors de perquisitions en Irak.

Martin Wells explique que certains de ces CDs se sont retrouvés en Iran, en Syrie et même aux États-Unis. Il s’agissait-là, selon lui des cas les plus recherchés, "car si, au bout de 48 heures, ou d’une semaine, un CD était visionné dans un autre coin de la planète, alors là cela devient plus intéressant (…), car cela vous offrait une piste". Selon lui, la société Bell Pottinger rendait compte des résultats de l’ensemble de son programme au Pentagone, à la CIA et au Conseil de sécurité national américain.

Un jeu dangereux ?

Si le Pentagone a confirmé avoir eu recours aux services de la société Bell Pottinger durant cette période en Irak, le Bureau of Investigative Journalism n’apporte aucune information sur les résultats éventuels de ce pistage par CDs espions.

Ces révélations trouvent un écho particulier aujourd’hui, quelques années après les faits, dans le sens où nombreux sont les experts des mouvances jihadistes qui affirment qu’une part importante du processus de radicalisation individuel passe par le visionnage de vidéos de propagande.

Même si, à l’époque, nul ne pouvait prévoir l’importance qu’allait prendre ces dernières années la production et la diffusion via les réseaux sociaux de tels contenus par des groupes comme l’organisation État islamique (EI), le Pentagone a peut-être, en finançant la production de ces contenus, indirectement contribué à la promotion d’Al-Qaïda, voire même inspiré des apprentis vidéastes jihadistes.

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