Visa pour l'image 2016: le paco, drogue du pauvre en Argentine
Exposé à Visa pour l'image 2016, « Paco, une histoire de drogue » est un travail journalistique et photographique hors-pair. Valerio Bispuri, journaliste italien, a travaillé 13 ans sur le sujet. D'Argentine en Uruguay, en passant par le Paraguay ou le Brésil, du consommateur au producteur en passant par les traficants, il a enquêté sur cette drogue du pauvre, née de la crise économique en Argentine.
Publié le : Modifié le :
Ils ont entre 12 et 25 ans, vivent dans des bidonvilles et sont fumeurs de paco. Valerio Bispuri, photographe italien, les a suivis pour montrer ce qu'est ce fléau, méconnu en Europe. « Il est difficile de prendre des photos sans comprendre. Alors, j'ai pris ce temps », explique Valerio Bispuri à Visa pour l'image à Perpignan.
« J'ai travaillé 13 ans sur cette enquête, ajoute le photoreporter. Deux ans tout d'abord pour comprendre véritablement les enjeux du paco. Puis, il m'a fallu trouver les contacts. Et la dernière étape, celle que je ne pensais pas réussir, s'est achevée l'année dernière quand j'ai enfin pu pénétrer dans une fabrique de paco. »
Un dimanche, durant un match que tout le monde est occupé à regarder, Valerio Bispuri, cagoule sur la tête, est en effet conduit puis introduit dans une fabrique de paco. « J’étais effrayé car j’avais été menacé de mort peu avant. Là, dans une maison où se trouvait une famille, on m'a emmené dans un hangar. La fabrique était là », raconte-t-il.
Le paco est un mélange de résidus de cocaïne et de substances extrêmement toxiques comme le kérosène, le verre pilé ou même la mort-aux-rats. Son effet est 50 fois plus puissant que celui de la cocaïne. Et sa consommation mène à la mort ou à la folie. Né en 2001, au moment de la crise économique, cette drogue s'est répandue très vite en raison de la hausse de la pauvreté dans ce pays.
L'une de ses particularités, qui rend cette drogue particulièrement dévastatrice, c'est en effet son prix : une dose coûte moins de 50 centimes d'euros. Tout le monde peut donc l'acheter. Les premières victimes sont ainsi les enfants des villas (les bidonvilles). Mais en Argentine, elle gagne petit à petit les classes moyennes de la société. Et les pouvoirs publics ne font rien. Ou si peu.
C'est pour cette raison que Valerio Bispuri a tenu à raconter cette histoire. Pour que les gens commencent à connaître cette drogue et que les choses commencent à changer quelque peu. Pour Maria aussi, dont l'un des fils est mort et qui a tenu à ce que le photographe soit présent avant la fermeture du cercueil de son fils : « Viens faire des photos de mon fils mort, ça t’aidera dans ton travail et ça nous aidera nous », lui a-t-elle dit.
Ci-dessous, reportage de la chaîne italienne Sky Arte où l'on suit Valerio Bispuri sur le terrain à Buenos Aires alors qu'il enquête sur le paco :
→ Pour connaître l'ensemble des expositions présentes à Perpignan, le site officiel de Visa pour l'image
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne