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FRANCE

À Paris, la statue de la République "débarrassée" des objets de commémoration des attentats

La mairie de Paris a lancé, lundi, le nettoyage de la statue de la République. Devenue un lieu de recueillement après les attentats de janvier 2015, elle s’est par la suite transformée en symbole des luttes sociales avec le mouvement Nuit debout.

Le nettoyage de la statue de la République a débuté lundi 1er août 2016.
Le nettoyage de la statue de la République a débuté lundi 1er août 2016. Stéphanie Trouillard, France 24
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Au fil des événements tragiques que la France a connus depuis janvier 2015, elle était devenue un lieu de mémoire, un point de ralliement, le symbole d’une nation en deuil.

La mairie de Paris a lancé, lundi 1er août, le nettoyage par "hydro-gommage" de la statue de la place de la République. L’opération a débuté sous bonne surveillance car des barrières de sécurité ont été installées autour de l’édifice et une entreprise de sécurité privée a été mobilisée pour l’occasion.

"C'est un peu faux-jeton de faire ça en août"

Les habitants et les personnes qui fréquentent régulièrement le quartier ont d’abord été surpris car aucune annonce n’avait été faite au préalable par la mairie de Paris. Marie, qui travaille près de la place, se dit "assez partagée" par cette décision : "J'aimais bien quand on a transformé la statue en mausolée pour se souvenir des attentats mais après ça a dégénéré. On a écrit sur la tête de la fraternité, c'est un sacrilège. C'est plutôt une bonne chose de nettoyer mais ca me rend triste à la fois. C'est aussi un peu faux-jeton de faire ça en août, ils n'assument pas vraiment".

Contactée par France 24, la mairie de Paris affirme n’avoir "jamais eu l’intention de cacher quoi que ce soit" et souligne avoir communiqué au préalable sur la collecte des objets disposés sur ces lieux de mémoire.

À l’heure actuelle, il est difficile pour beaucoup de personnes de choisir entre le besoin de se souvenir et celui de passer à autre chose. C’est ce que ressentent Christine et Marielle, deux touristes de Toulouse et Montpellier. Si la première dit avoir "un pincement au cœur car c'est toute la colère et la tristesse des gens qui étaient inscrites ici", son amie se montre rassurante et affirme que "la vie continue" : "La peine s'est exprimée mais maintenant elle est intérieure. Ce n'est pas parce qu'il y a un nettoyage qu'elle n'est plus là. C'est dans nos mémoires".

"Avec cet effacement, il y a l'idée que ça va recommencer"

Que deviendront donc les centaines de messages, bougies et fleurs déposés aux pieds de la statue ? Contactée par le site Buzzfeed, la mairie du 10e arrondissement, a assuré qu’une "attention particulière sera prêtée aux objets déposés autour du lion, formant un 'autel' spontané". Comme après les attentats du 13 novembre, les objets en bon état seront déposés aux archives de Paris ou exposés au musée Carnavalet.

Reste que le lieu même du recueillement aura, lui, bien disparu. "Il n'est pas question d'ôter le caractère mémoriel de la statue, bien au contraire. Les personnes pourront toujours rendre hommage aux victimes à cet endroit comme au pied de l'arbre du souvenir qui a été planté un an après les attentats de janvier 2015", assure Rémi Féraud, maire (PS) du Xe arrondissement, au HuffingtonPost.

Pour permettre aux Français de se recueillir, trois plaques ont été installées en janvier 2016, en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, mais, pour le moment, rien n’a été érigé en mémoire des victimes des attentats du 13 novembre. La mairie de Paris assure que "le sujet est encore en discussion avec les familles, les associations de victimes et les lieux concernés" et que des annonces à ce sujet seront faites prochainement.

Pour la place de la République, elle explique avoir dû prendre une décision qui réponde à la fois au besoin de certaines personnes de venir se recueillir mais aussi à celui des associations de riverains de la place de la République "qui ont demandé que la place redevienne un endroit normal".

Emmanuelle habite justement le quartier. Ce mardi matin, elle prend des photos du nettoyage de la statue sans trop savoir quoi en penser. "Cela fait partie du rythme de la vie de cette place. Il y a eu les manifs, les commémorations des attentats, et maintenant c'est une étape franchie, affirme la jeune femme, avant de concéder, "mais avec cet effacement, il y a l'idée que ça va recommencer et ça fout les jetons".
 

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