Pourrait-on éradiquer les rats en France comme compte le faire la Nouvelle-Zélande ?

C’est vrai qu’il est mignon Ratatouille, avec sa toute petite toque de chef et ses tous petits ingrédients de cuisine. Mais malheureusement pour ses congénères du monde réel, tous les rats n’ont pas la chance d’attendrir les hommes autant que le rongeur des studios Pixar.

Pour la majorité d’entre eux, la vie ne tient d'ailleurs qu’à un bout de fromage accroché au bout d’un piège ou d’un granulé toxique caché derrière une poubelle. Depuis des siècles, les hommes ont fait du rongeur à quatre pattes et à grosse queue velue l’ennemi numéro un parmi les animaux nuisibles à exterminer.

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"Ils ne sont pas indispensables à l’écosystème. Vous ne trouverez pas beaucoup de protecteurs de rats", plaisante Olivier Lorvelec, spécialiste des rongeurs à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Rennes. Voilà qui est dit. 

La Nouvelle-Zélande prête à faire feu 

C’est à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, que le prochain génocide aura vraisemblablement lieu. Lundi 25 juillet, le Premier ministre a annoncé que son gouvernement comptait investir plus de 20 millions de dollars néo-zélandais (près de 13 millions d'euros) pour éradiquer huit espèces de prédateurs nuisibles du pays d’ici 2050, avec, en tête de liste, notre bon vieux rat.

Se débarrasser entièrement des congénères de Ratatouille sur un territoire de plus de 268 000 km² n’est pas chose facile. Pour Olivier Lorvelec, l’espoir de voir un jour les îles néo-zélandaises débarrassées de leurs nuisibles relève de la mission impossible. "La population va se reconstituer, c’est évident. Éradiquer tous les rats de Nouvelle-Zélande, c’est impossible."

Et au fait, pourquoi s’en prendre au rat ?

Pas (que) pour leur côté "zonard des poubelles". Si les autorités dépensent autant d’énergie à se débarrasser des rats, c’est parce qu’ils causent beaucoup, beaucoup de dégâts d'un point de vue environnemental. Porteurs de maladie, destructeurs, les rats prolifèrent et bouleversent les écosystèmes. En Nouvelle-Zélande, ils tueraient près de 25 millions d’oiseaux par an.

En France, "pas la peine d'y penser"  

Et en France ? "C’est complètement inimaginable, ce n’est même pas la peine d’y penser", martèle Olivier Lorvelec. À moins donc de faire appel à des centaines de chasseurs de rats – avis aux dresseurs de Pokémons qui s’ennuient – et d’utiliser des moyens considérables et onéreux, se débarrasser de tous les rats est une douce utopie, que ce soit sur une île comme la Nouvelle-Zélande ou dans l'Hexagone. 

Olivier Lorvelec et ses équipes sont déjà parvenus à éradiquer l’espèce sur des îles françaises, dont certaines de plus de 115 hectares. Pourtant, la prouesse n’est pas prête d’avoir lieu sur le continent. "Si on utilise les mêmes techniques en milieu urbain, les rats vont simplement revenir par les villes avoisinantes." Coucou, nous revoilà.

À la différence de la Nouvelle-Zélande, qui éradique à coup d'épandage de produits chimiques par hélicoptère, en France, on préfère utiliser la méthode des pièges, plus fiable.

Car après plusieurs années de lutte chimique aveugle, les rats ont développé des résistances aux produits nocifs anticoagulants déstinés à les tuer. Alors pour venir à bout des rongeurs mutants, il faut de la "rigueur", et beacoup de patience, explique Olivier Lorvelec. Il faut "piéger" et "re-piéger" pendant des années. "Et si on a bien travaillé, on peut être sûr qu’il ne reste pas de rats."

La palme du meilleur chasseur de rats revient au Royaume-Uni, parvenu à éradiquer il y a trois ans le rongeur de Georgie du Sud, une île de plus de 3 755 km²  située dans l'Atlantique sud. Et ce à coup d’épandage de produits chimiques par les airs pendant plus de cinq ans. 

Les rats qui viennent ruiner nos pique-niques sur les quais risquent donc d'être dans les parages pendant encore un peu de temps. En attendant, on a qu'à se dire qu'ils viennent piquer notre saucisson pour que Ratatouille en fasse un bon petit plat.

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