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FRANCE

Le chef de la lutte antidrogue en France accusé d'avoir fait prospérer un indic

François Thierry, l'ex-chef de l'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants, aurait aidé l'un de ses indics à devenir l'un des plus gros dealers de cannabis en Europe, selon des révélations du quotidien Libération.

L'ex-patron de la lutte antidrogue en France, François Thierry, lors d'une saisie de cannabis en 2012.
L'ex-patron de la lutte antidrogue en France, François Thierry, lors d'une saisie de cannabis en 2012. Patrick Kovarik, AFP
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L'ex-chef de la lutte antidrogue en France a-t-il permis au baron français du cannabis de faire fructifier ses affaires en toute impunité ? C'est la question posée après les révélations, dimanche 22 mai, du journal Libération

François Thierry, patron de l'Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) entre 2010 et 2015, aurait laissé son indic, Sofiane H., devenir le principal trafiquant de cannabis en France à la tête du "troisième plus grand réseau de drogue" en Europe.

Témoignage d'indic

Le quotidien se repose sur le témoignage d'un autre indic de François Thierry, Stéphane V., qui s'est aussi livré à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Il affirme avoir assisté à la manière dont des policiers, sur ordre de François Thierry, ont importé des tonnes de cannabis en France depuis le Maroc en passant par l'Espagne.

Le puissant policier avait recruté en personne Sofiane H. et lui a permis d'importer d'importantes quantités de drogue en "livraison surveillée". Cette technique, légale, permet à la police de laisser passer des stupéfiants sur le sol français afin de remonter une filière pour la démanteler.

Sauf qu'en l'espèce, le réseau mis en place par le trafiquant/indic n'a jamais été inquiété... contrairement à ceux de ses concurrents. "Sofiane H. va s’imposer comme le plus gros trafiquant de l’Hexagone grâce à la protection de François Thierry", écrit Libération. Le petit arrangement entre le patron de la lutte antidrogue en France et le roi du cannabis aurait ainsi permis à ce dernier de vivre sans souci dans un appartement de 300 m² avec piscine intérieure en plein cœur de Paris pour un loyer de 9 000 euros payé chaque mois en liquide.

Thierry François après Michel Neyret

Le super-flic, quant à lui, a su profiter de cette collaboration. Son indic lui a fourni des informations menant à d'importantes saisies de drogue qui ont fait du bien à la réputation de François Thierry. Des ministres de l'Intérieur de droite - Claude Guéant -, comme de gauche - Bernard Cazeneuve - le félicitent pour son efficacité.

Mais pour le policier, le début de la fin intervient avec la saisie record par les douanes de 7,1 tonnes de cannabis à Paris en octobre 2015. Des indices relevés sur les lieux de la saisie permettent de remonter jusqu'à Sofiane H. Des questions embarrassantes pour François Thierry commencent alors à être posées. En mars 2016, le patron de l'OCRTIS est recasé à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire.

Les révélations de Libération viennent remettre en cause "toute la politique de lutte contre le trafic de stups" en France, veut croire le quotidien. Pour le journal, les affaires bouclées par François Thierry risquent de devoir être réexaminées à la lumière des relations entre le chef de l'OCRTIS et Sofiane H.. L'Office risque de devoir faire un sérieux travail pour redorer son blason. Une lourde tâche qui attend le prochain patron de cette cellule de lutte antidrogue qui doit être désigné le 24 juin.

Mais ce n'est pas seulement l'image de l'OCRTIS qui en prend un coup. L'affaire François Thierry vient s'ajouter à celle de Michel Neyret, l'ancien chef de la PJ de Lyon. Dans les deux cas, des super-flics sont accusés d'avoir pris des libertés avec la loi pour avoir des résultats à montrer aux autorités. "Quand on demande aux policiers de faire du chiffre, on s’expose à ce qu’ils aillent dans des registres non légaux", souligne Libération dans son éditorial. Le quotidien conclut qu'au-delà des errements répréhensibles des uns ou des autres, il faut aussi que le législateur se demande si les moyens dont disposent les forces de l'ordre sont adaptés et suffisants pour "lutter contre les grands réseaux criminels".

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