Quand Denis Baupin défendait la cause des femmes
Accusé de gestes déplacés assimilables à du harcèlement ou des agressions sexuels, le député de Paris, Denis Baupin, a longtemps cultivé l'image d'un homme engagé pour la cause des femmes.
Publié le : Modifié le :
C'est la photo qui a décidé des victimes présumées à briser l'omerta. Le 8 mars dernier, dans le cadre de la journée des droits des femmes, plusieurs personnalités masculines participent à la campagne "Mettez du rouge", destinée à lutter contre les violences faites aux femmes. Plusieurs hommes politiques, de tous bords confondus, posent avec du rouge à lèvres. Parmi eux, le député PS Olivier Falorni, l'UDI Jean-Christophe Lagarde, l'UMP Benoist Apparu... et Denis Baupin, député écologiste de Paris, accusé aujourd'hui par plusieurs femmes de harcèlement ou agression sexuelles, selon une enquête conjointe de France Inter et Mediapart, publiée lundi 9 mai.
#mettezdurouge contre les violences faites aux femmes. Des députés s'engagent #8mars https://t.co/nN6PtOl22P pic.twitter.com/XGoVOKnzaY
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 8 mars 2016
Pour deux d'entre elles, ce cliché a été l'élément déclencheur. "Je l'ai vu lui sur la photo avec du rouge à lèvre et ça m'a provoqué une vraie nausée. Je suis même allée vomir et j'ai fait un post sur Facebook", a expliqué sur France Inter Elen Debost, adjointe à la mairie du Mans. "Je me suis dit qu’on ne pouvait pas continuer à se taire, parce qu’en se taisant, on était complices du fait que ça continue. Ce n’est pas la politique que je veux", a poursuivi cette élue, victime de harcèlement sexuel de la part du député de Paris.
Les faits, qui remontent à 2011, ont refait surface à la vision de ce cliché. À l'époque, "la jeune militante qui monte" raconte avoir reçu "une centaine de messages". Du genre “Je suis dans un train et j’aimerais te sodomiser en cuissarde”. “J’adore les situations de domination. Tu dois être une dominatrice formidable.” “J’ai envie de voir ton cul.” "Les refus polis n’étaient pas entendus", relate-t-elle dans Mediapart. Depuis, les messages se sont interrompus et les deux écologistes s'évitent.
Devant cette photo, l'actuelle porte-parole d'EELV Sandrine Rousseau a aussi voulu réagir. "Ça m'a fait l'effet d'un électrochoc. Je me suis dit que ce n'était plus possible de tenir ça", a-t-elle déclaré.
Alors que cette affaire éclate, de nombreux tweets de Denis Baupin, qui se présente comme un défenseur de la cause féministe, ont été exhumés pas des internautes. Le 31 juillet 2012, il s'est ainsi réjoui du vote contre le harcèlement sexuel. "Fierté de participer à ce vote de justice", a-t-il tweeté. Cette loi sanctionnant le délit de harcèlement sexuel a pour but d'encourager les victimes à porter plainte. Pourtant, les huit femmes qui ont témoigné dans le cadre de l'enquête ont, elles, choisi de ne pas porter l'affaire en justice.
Vice-président de l'Assemblée nationale depuis juin 2012, Denis Baupin, qui vient de présenter sa démission, a régulièrement dénoncé le sexisme ambiant qui règne dans l'hémicycle notamment.
“@EELV: Sexisme à l’Assemblée nationale: Comm de presse du 19 juillet 2012 Va-t-il falloir entreprendre des atelie... http://t.co/zqfuDyye”
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 19 juillet 2012
Quelle honte ! Il reste des féministes à l'UMP ? “@PJanuel: Dérapage sexiste de la direction nationale de l'UMP. pic.twitter.com/9ob0ldT2”
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 7 décembre 2012
Celui qui se fait déjà appelé le “DSK des Verts” s'était fendu d'une blague douteuse quand l'affaire de l'agression sexuelle de l'ex-président du FMI avait éclaté en 2011.
@Denis_Baupin @GuyMx89 ce hashtag #calembour est incroyable.
— Antoine D (@Eniotnad) 9 mai 2016
Denis Baupin conteste fondamentalement "l'idée de harcèlement sexuel et plus encore d'agression sexuelle, lesquels lui sont totalement étrangers", a déclaré son avocat dans un communiqué lundi 9 mai.
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Je m'abonne