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Découvertes

La Paris Games Queer, une alternative à la Paris Games Week qui bouscule la notion de genre dans les jeux vidéo

Le "hackerspace" RESET organise, en marge de la Paris Games Week, un événement dédié aux "queer games" et à la notion de genre et de domination dans nos jeux vidéo. On a discuté avec eux pour en apprendre plus sur leur démarche.

Capture d'écran du jeu "Dys4ia" créée par Anna Anthropy.
Capture d'écran du jeu "Dys4ia" créée par Anna Anthropy. Anna Anthropy/Capture d'écran
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Comme chaque année, une fois la rentrée de septembre passée, la Paris Games Week pointe le bout de son nez. C’est certainement l’événement annuel le plus attendu des joueurs français. C’est aussi l’occasion de tester les AAA de l’année à venir, de découvrir un paquet d’indés et de se faire des copains et des copines. C’est bien, mais ça ne fait pas tout.

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La Paris Games Week a le même défaut, la même faille que l’immense majorité des conférences et grands événements liés aux jeux vidéo. Elle pense business, nouveautés, gameplay et plaisir.

Mais elle oublie de réfléchir ! Elle oublie de penser à ce qui fait que chaque jeu est éminemment politique. Elle ne propose aucun espace dédié à la déconstruction des narrations intellectuelles et culturelles qui se déroulent dans nos jeux – et donc dans nos esprits.

Peut-être (sans doute ?) n’est-ce pas le rôle d’un événement de ce type, même si un brin de réflexion est toujours bon à prendre. Alors certains et certaines organisent des contre-événements. Pour la première fois, le hackerspace féministe et queer RESET organisera, le 5 novembre prochain, à la Mutinerie, sa "Paris Games Queer".

Un hackerspace avec des ateliers games queer

Le RESET a ouvert ses portes à la Mutinerie, un bar et un espace féministe et engagé du 3e arrondissement de Paris, en septembre 2016. C’est, comme tous les hackerspaces qui fleurissent ces dernières années, un espace où l’on bidouille et où on vient pour apprendre les technologies numériques.

Avec une petite différence, puisque c’est un hackerspace queer. "Notre projet s'est fondé sur le constat que des geeks queer existaient mais que les communautés geeks et queers étaient quasi étanches l'une à l'autre. Nous voulions créer un espace accueillant, par et pour les personnes minorisées (femmes, queers, personnes handicapées, personnes racisées) généralement peu visibles dans les hackerspaces", explique à Mashable FR le groupe de cinq personnes à l’origine de RESET, qui souhaite parler d’une voix commune.  

"Les queer games sont des jeux créés par et pour des personnes queers, souvent épuisé·es d'être invisibles ou représenté·es par des stéréotypes blessants"

En parallèle des activités du hackerspace, Zora, Sam, Moossye, Izawenn et Alicemonade organisent aussi des "Ateliers Queer Games" : des sessions où l’on joue et où l’on apprend à créer des jeux sous le prisme de réflexions autour du genre et des dominations. Les adhérents du hackerspace ont notamment construit une borne d’arcade ou des jeux de plateaux.

"Les queer games nous semblaient peu connus et peu diffusés en dehors de milieux experts du jeu vidéo, il s'agissait donc de créer une communauté d'échange et de rencontre autour de ces jeux", explique l’équipe de RESET. "Les queer games sont des jeux crées par et pour des personnes queers, souvent épuisé·es d'être invisibles ou représenté·es par des stéréotypes blessants dans les jeux vidéo. Ces conceptrices et concepteurs reprennent possession d'un média, le jeu vidéo, et de ses moyens de production, pour créer des jeux et y représenter des identités, des situations, des corps et des sexualités diverses."

La journée du 5 novembre sera construite sur le même principe que les ateliers. Un espace de jeu et de ressources sera disponible pour les curieux, tandis que différents ateliers seront organisés. "L’un sera axé sur la bidouille de controllers de jeu et l’autre sur la création du logiciel Twine, avec Lizzie Crowdagger, qui est une écrivaine féministe queer et geek", affirme le petit groupe d’organisateurs. Des détails doivent arriver prochainement sur leur site Web.

Des dimensions oppressives des jeux vidéo

Forcément, en comparaison de l’immense Paris Games Week, cette Paris Games Queer ne pèse pas bien lourd. Ce n’est pas vraiment le but, en même temps : le nom est fait pour interpeller le chaland – un peu comme nous, quoi – et l’emmener à réfléchir sur des concepts qui lui sont étrangers.

"On commence à avoir des analyses variées des jeux vidéo au prisme du genre, et celles-ci permettent de s'éloigner de l'idée d'une 'cause' unique ('les joueurs', 'les contenus', 'l'industrie'...). Ces analyses montrent plutôt comment des mécanismes d'exclusions (des femmes, des personnes LGBTQI, des personnes non-blanches par exemple) opèrent dans le monde des jeux vidéo", affirme l’équipe de RESET.

Ils citent certains de ces mécanismes d’exclusions, comme la manière dont le futur d’un jeu est imaginé (ce qui peut jouer un rôle dans la manière dont le jeu est conçu ou dans le recrutement des testeurs, par exemple), les difficultés que rencontrent les concepteurs et les conceptrices à faire financer un jeu avec une héroïne, ou encore la rareté des personnages féminins, LGBTQI ou non-blancs.

Parmi les queer games les plus connus, on peut notamment citer "dys4ia", un jeu flash et gratuit créé par Anna Anthropy ou "Mainichi" (ce qui signifie "tous les jours" en japonais) de Mattie Brice. Dans ce dernier, on joue tout simplement une femme transgenre se rendant dans un café pour y rencontrer un ami. Quand le personnage se réveille le lendemain matin, le même scénario recommence. Mais change subtilement en fonction de la manière dont il s’est vêtu.

Pour plus de jeux vidéo indés estampillés queer, on vous laisse faire un tour sur Itch.io et ses nombreux tags ou sur Games for change. De la même manière, on peut également réfléchir sur un paquet de jeux vidéos (connus et moins connus) sous le prisme du genre et des "dimensions oppressives des jeux vidéo", dont parle RESET sur son site.

"On peut prendre plaisir à jouer à un jeu dont on trouve le gameplay agréable, la narration bien menée, tout en étant particulièrement dérangé·e par la manière dont sont par exemple représentés certains personnages", explique RESET. "C'est d'ailleurs cette tension entre le plaisir de jouer et la colère face à certaines facettes de ces jeux qui nous incite à créer un atelier et à produire des jeux vidéo qui nous touchent et nous ressemblent."

Sur le site du RESET, une liste de jeux et de ressources est disponible pour en apprendre plus sur les jeux vidéo queer. Pour les anglophones, on vous encourage également à faire un tour sur cette liste de lecture, où on peut notamment trouver un excellent papier sur la transsexualité dans "Nier: Automata".

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