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YÉMEN

Dans un Yémen en guerre, des jeunes créent un jeu vidéo pour retrouver "l’Arabie heureuse"

Le jeu vidéo s'inspire de la réalité architecturale yéménite. Source : page Facebook "The Secret of Arabia Felix"
Le jeu vidéo s'inspire de la réalité architecturale yéménite. Source : page Facebook "The Secret of Arabia Felix"
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L’Arabie heureuse ou "l’Arabie Felix" désignait pour les Romains l'Arabie du Sud, l’actuel Yémen. Aujourd’hui, il est le nom d’un jeu vidéo conçu par des Yéménites pour promouvoir la paix dans un pays déchiré par la guerre depuis 2014.

Le jeu vidéo "Le secret de l’Arabie heureuse" est disponible depuis janvier 2017 sur Google Play, la plateforme de téléchargement d’Android. Le jeu existe en anglais et en arabe. Le but : réconcilier les habitants d’une ville imaginaire, dont le décor architectural rappelle les plus belles villes du Yémen.

Depuis 2014, les milices houthis, mouvement politique chiite allié à l’ancien président Ali Abdallah Saleh, renversé par le "printemps yéménite" qui a éclaté en 2011, mènent une révolte au Yémen contre les forces fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu légitime par la communauté internationale. Le confit a escaladé avec l’entrée en guerre au Yémen d’une coalition arabe menée par l’Arabie saoudite contre les milices Houthis en mars 2015. La guerre a entraîné une crise humanitaire et alimentaire. Le pays compte trois millions de déplacés, 17 millions de personnes sont au bord de la famine, selon l’ONU.

"C’est surtout aux enfants et aux adolescents yéménites que ce jeu s’adresse pour promouvoir des valeurs de paix et de coexistence", explique Mohammed al-Azzani, coordinateur de ce jeu vidéo, conçu en collaboration avec la société néerlandaise Butterflyworks et financé par GIZ, une agence allemande de coopération internationale.

Nader et Nadera, les deux personnages principaux imaginés par les concepteurs du jeu. Source: Page Facebook "The secret of Arabia Felix"

"Nader devra parler avec chacun de ces hommes armés pour tenter de les convaincre de déposer les armes"

Nisma Mansour, 22 ans, habite à Aden au Yémen. Elle a participé à l’écriture du scénario de ce jeu vidéo dont l’intrigue guide le joueur sur les traces d’une Arabie heureuse.

Nous étions deux équipes à travailler sur la conception du jeu vidéo. Initialement, nous devions travailler tous ensemble à Amman, en Jordanie, mais à cause de la guerre et de la fermeture de l’aéroport à Sanaa, nous avons dû travailler à distance.

Page d'entrée du jeu vidéo. Source : Page Facebook de "The Secret of Arabia Felix"

Le joueur peut choisir d’être un homme ou une femme, s’habiller en vêtement traditionnel ou de façon moderne, en jeans et basket pour Nader, ou avec un simple voile et une robe longue de couleur pour Nadera. Imaginons que le joueur choisisse d’être Nader.

Au début du jeu se produit une explosion près de sa maison. Une voisine, du nom d’Ayeda, accourt et le rassure. Nul n’a été blessé dans l’explosion, mais elle a fait des dégâts. La voisine a réussi à sauver des objets d’art anciens, de grande valeur, qui date de l’ère de la reine de Saba (reine qui existe dans les récits bibliques, coraniques et hébraïques comme ayant régné sur le Royaume de Saba qui s’étendait du Yémen au nord de l’Éthiopie et en Érythrée, NDLR). Elle le met en garde. Dishmah, le directeur de l’école, fait du trafic de ces objets antiques et il est aussi impliqué dans le recrutement d’enfants soldats, des références directes à la réalité de notre pays en guerre  (l’ONU a notamment recensé près de 1500 soldats, NDLR). Tout au long de l’intrigue, Nader découvrira la valeur de ces objets d’une immense valeur qu’elle lui a confiés et que la guerre risque de détruire. Tous les personnages rencontrés sur son chemin ne sont pas aussi bons et positifs qu’Ayeda. Lorsqu’il cherche à quitter son quartier où la fumée de l’explosion est encore visible, un homme armé lui barre le passage.

Un des personnages négatifs barrant le passage à Nader lors de l'explosion.

Fatiha, un autre personnage du jeu vidéo. Elle est présentée comme drôle, affable et aimant la vie. Elle est un personnage positif.

C’est avec l’aide d’Ayeda qu’il se retrouvera au chapitre 2 de l’épisode devant l’école. Là, des enfants attendent, en groupe. L’école est fermée et est gardée par de jeunes hommes armés. Nader devra parler avec chacun d’eux pour tenter de les convaincre de déposer leurs armes. Chacun a pourtant une argumentation solide. Il s’agit pour l’un d’eux de se protéger, pour l’autre de protéger l’école, monument historique, des groupes armés. Le joueur aura plusieurs choix de réponse. À l’un des jeunes hommes armés, qui n’est encore qu’un enfant, il pourra expliquer que le respect et l’honneur ne se gagnent pas avec des armes, mais avec l’éducation. Si plusieurs refusent de l’écouter, peut-être que quelques-uns seront convaincus. Plus tard dans le jeu, Nader devra convaincre les habitants de s’entendre pour réparer les réservoirs d’eau qui risquent de déborder. Cela ne s’est jamais produit à Aden, où je vis, mais c’est une image. Les Yéménites doivent trouver le chemin de la coopération pour sortir de la guerre. L’objectif de ce jeu est véritablement de promouvoir des valeurs de paix, de coexistence, d’acceptation et d’entraide – ce que, jusque-là, les premiers utilisateurs de ce jeu ont pu apprécier.

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