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PAKISTAN

Au Pakistan, un magazine taliban pour amener les femmes au jihad

Le groupe jihadiste Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) a lancé un magazine numérique destiné aux femmes. Le premier numéro leur suggère d’organiser des réunions avec leurs "sœurs de jihad" ainsi que des entraînements au maniement des armes.

Le groupe jihadiste Tehreek-e-Taliban Pakistan a lancé un magazine pour séduire les femmes.
Le groupe jihadiste Tehreek-e-Taliban Pakistan a lancé un magazine pour séduire les femmes. Sunnat-i-Khaula
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"Nous souhaitons inciter les femmes de l’Islam à se manifester et à rejoindre les rangs des moudjahidines". Dès les premières pages, le magazine numérique Sunnat-i-Khaula ("Le chemin de Khaoula"), destiné aux femmes, et dont le premier numéro a été publié il y quelques jours par le groupe jihadiste Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), ne cache pas ses ambitions : associer les femmes à la lutte armée.

La publication, dont le titre fait référence à une poétesse musulmane du VIIe siècle proche du prophète Mahomet, comprend 45 pages rédigées en anglais. La photo d’une femme couverte d’un voile intégral noir sert d'illustration.

L’éditorial du magazine suggère aux femmes d’"organiser des réunions secrètes chez elles et d’y convier [leurs] sœurs de jihad". Ces rencontres peuvent être l’occasion de "partager des livres sur l’obligation de pratiquer le jihad, d’organiser des entraînements physiques ou encore d’apprendre à se servir d’armes faciles à manier et de grenades", précise le texte.

Véritable organe de propagande jihadiste, Sunnat-i-Khaula propose également à ses lectrices une interview de l’épouse du chef du TTP. Mariée à Fazlullah Khorasani à l’âge de 14 ans, elle défend les mariages précoces : "Je vous le demande : pourquoi tant de cris d'indignation au sujet des mariages de mineurs ? Il faut bien comprendre que les garçons et les filles pubères, s'ils restent célibataires trop longtemps, risquent de devenir une source de destruction morale de notre société", assure-t-elle.

Dans un autre article, la propagande du TTP prend la forme d’une lettre qu’un petit garçon de six ans aurait lui-même rédigée. L’enfant y explique que, depuis la mort de son frère dans un attentat-suicide, il aide sa mère à veiller sur les moudjahidines quand il ne joue pas avec son pistolet en plastique, en attendant son tour de prendre la relève du jihad.

Concurrence jihadiste dans la région

Pour Michael Kugelman, spécialiste de l’Asie centrale au Woodrow Wilson Center interrogé par le Guardian, "les femmes constituent une cible démographique stratégique" car si elles adhèrent à la cause du jihad, "elles peuvent encourager leurs enfants à faire de même".

Si l’argument démographique a longtemps prévalu au sein des groupes jihadistes dans le recrutement des femmes, il est aujourd’hui coiffer au poteau par l’obligation de distancer sur le terrain du jihad les autres groupes islamistes de la région.

"[La volonté du TTP d’] attirer les femmes et d’ouvrir un débat sur leur rôle s’inscrit dans la lignée des intérêts que d’autres groupes jihadistes ont dans région", assure Tore Hamming, spécialiste des questions de jihadisme au European University Institute, à France 24.

Pour cet universitaire, même s’il est "terriblement mal conçu", "le magazine du TTP peut être considéré comme le stade supérieur de ce qui a déjà été fait par l’organisation État islamique (EI)".

Tore Hamming rappelle notamment que l’EI n’a jamais réalisé de publication en anglais destiné aux femmes. "Seuls deux numéros du [magazine de propagande] Dabiq, distribué dans les zones sous leur influence, comportaient des suppléments destinés aux femmes", se souvient-il.

Pour Michael Kugelman, le TTP tente de "se reconstituer des réseaux et une communauté après avoir essuyé de nombreux échecs militaires ces dernières années”.

Le 16 décembre 2014, les Taliban avaient attaqué l’école militaire de Peshawar faisant 150 victimes, des enfants pour la plupart. Surnommée le "11 septembre du Pakistan", cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire du pays, a été le point de départ d’une vaste offensive de l’armée pakistanaise contre le groupe de Taliban pakistanais.

>> À voir : Un an après le massacre de Peshawar, une enquête et un deuil impossibles

Cet article a été adapté de l'anglais par Julia Dumont. Cliquez ici pour lire l'article original.
 

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